L'écrivain Kateb Yacine A partir du 8 janvier et jusqu'au 8 février, le Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi accueille douze représentations théâtrales de troupes de différentes régions du pays. Le théâtre prend part activement, cette année, dans le cadre de la célébration du Cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie. D'aucuns soulignent le rôle important qu'a joué le 4e art dans la confirmation et la réappropriation de l'identité nationale. Aussi, de nombreuses représentations de pièces de théâtre, des conférences, des lectures et des expositions en hommage aux pionniers du 4e art algérien seront organisées durant un mois pour fêter le Cinquantenaire de la fondation du Théâtre national algérien (TNA). Pour célébrer le cinquantième anniversaire de la nationalisation de l'Opéra d'Alger, le 8 janvier 1963, le Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi accueille à partir de cette date jusqu'au 8 février, douze représentations théâtrales de troupes de différentes régions d'Algérie ainsi que deux spectacles de musique symphonique et une série de lectures de textes d'illustres dramaturges algériens (Kaki, Alloula, Kateb Yacine, etc.). Pour la cérémonie d'ouverture dédiée au cinquantenaire du Théâtre national algérien, la scène de l'ancien Opéra d'Alger accueillera une adaptation en arabe populaire de Nedjma de Kateb Yacine, mise en scène par Ahmed Benaïssa, homme de théâtre mais que l'on a surtout vu ces derniers temps au cinéma, dans les films Parfums d'Alger de Rachid Belhadj, Normal de Merzak Allouache, et My Land de Tarik Teguia notamment. Cette Nedjma sera interprétée par un collectif d'amateurs réunis à la faveur d'un atelier. Ce sera donc la seconde fois qu'on verra une pièce à l'effigie de cette mère symbole, sur les planches du TNA. Mise en scène par Ziani Cherif Ayad et signée par Mohamed Kacimi, la dernière pièce que l'on a déjà vue lors d'un filage spécial, remonte à 2003, suite à sa création dans le cadre de l'année de l'Algérie en France. Son adaptation visait, à l'époque selon son auteur, à retrouver le temps brouillé de l'oeuvre pour mettre à jour la trajectoire des protagonistes. Oublier un peu la fièvre et la fureur de la langue pour donner à voir la vie des personnages. Nedjma avait été mise en scène avec de jeunes comédiens d'Alger emmenés par Sid-Ahmed Agoumi dans le rôle de Si Mokhtar tandis que Nedjma était campée par la comédienne Amal Himeur, avant qu'elle ne mette le hijab... Une pièce qui, faut-il le noter, n'aura jamais été reconduite ni revue en Algérie. Une chape de plomb avait été mise sur ce metteur en scène qui aujourd'hui voit ses pièces présentées ailleurs qu'au TNA... Pourquoi cette pièce aujourd'hui et dans quel but? Un fleuve sans doute qui continue à être détourné. Nous poserons assurément la question à son metteur en scène Ahmed Benaïssa. Quelle version de ce roman si dense, si riche, mais néanmoins éclaté compliqué à lire sera montée? Vingt ans après sa disparition, alors qu'il est honoré dans le monde entier, Kateb Yacine est toujours absent des manuels scolaires algériens. En dehors du Théâtre régional de Tizi Ouzou, de la Maison de la Culture de Sidi Bel Abbès et d'un timbre à son effigie, émis dans le cadre d'une série consacrée aux écrivains, aucun édifice ni aucune rue ne porte son nom. A l'issue de l'hommage rendu à l'écrivain en octobre, la ville de Guelma devait baptiser sa salle de cinéma en son nom. Une stèle à son effigie devait également être érigée sur le site de Aïn Ghror, sur le territoire de la tribu des Keblout. C'est ce que nous pouvons lire néanmoins sur le site algeriades.com. Mais point d'acte concret jusqu'à présent. Aussi, pour fêter le cinquantenaire de la fondation du Théâtre national algérien d'autres représentations de pièces de théâtre ainsi que des spectacles de rue sont par ailleurs prévus au Musée d'art moderne et contemporain d'Alger (Mama), au Bastion 23 et dans trois bibliothèques municipales de la capitale. Le nouveau centre culturel algérois «L'Historial» accueillera pour sa part des conférences animées par des universitaires et des spécialistes du théâtre autour du thème «Le théâtre: cinquante ans à travers la photographie». Plusieurs hommages, dédiés à des acteurs algériens encore vivants comme Sid Ali Kouiret ou disparus comme Mustapha Kateb, premier directeur du TNA (1963-1972) ou encore le comédien Rouiched, seront organisés durant cette célébration. Construit en 1853 en plein centre d'Alger par les architectes français Frédéric Chassériau et Justin Ponsart, l'Opéra d'Alger devient le 8 janvier 1963 le Théâtre national algérien. Il est une des premières structures culturelles à être nationalisées après l'Indépendance.