Bonne question! Quelle tournure aurait pris l'attaque terroriste contre le site gazier d'In Amenas si l'agent de sécurité, Mohamed Amine Lahmar, n'avait pas actionné l'alarme? Il l'a fait dans un geste ultime avant de rendre l'âme. Première victime des terroristes, il était en poste à l'entrée du site. Mortellement touché par les balles des assassins, on imagine aisément qu'il a dû, dans son agonie, rassembler ses dernières forces pour réussir ce geste héroïque. Un acte de bravoure qui a, pour une grande part, contribué à mettre en échec les objectifs des assaillants. Quels étaient ces objectifs? Jeudi dernier à Addis-Abeba, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, les a encore rappelés devant les participants à la 22e session ordinaire du Conseil exécutif de l'Union africaine. «Les objectifs de ce groupe, son armement sophistiqué comprenant des moyens de destruction à grande échelle, la sensibilité du site et son passage à l'acte, en tuant des victimes innocentes et en voulant prendre des otages en dehors du territoire national, avaient amené l'action de l'armée algérienne dont le professionnalisme, l'expertise ainsi que l'intelligence des situations ont fait leurs preuves, à éviter un véritable carnage parmi les otages et une catastrophe économique et écologique de grande envergure» a-t-il précisé. C'est en effet grâce à son geste que l'usine a pu être aussitôt arrêtée. Les ingénieurs appellent cela la «mise en décompression». C'est plus précis car la mise en arrêt entraîne l'aspiration des gaz restants dans les tuyaux. Réagissant à l'alerte, nos militaires, à leur tour, feront preuve, comme le dit Messahel, d'un professionnalisme et d'une expertise auxquels il faut ajouter un courage hors du commun pour neutraliser toute la bande de criminels. Oui, il y a de quoi être fiers de nos militaires car ils ont pu éviter le carnage et la catastrophe qu'avaient programmés les terroristes. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, nous a appris que ces troupes d'élite pour ce genre d'opérations sont composées de jeunes. Tout comme Mohamed Amine qui est mort. Tout comme nos huit militaires qui ont été blessés. Voir toute cette jeunesse algérienne défendre le pays avec autant de bravoure, de détermination et d'intelligence, nous comble de fierté. D'optimisme aussi, de savoir que la défense du pays est brillamment assurée. Quand bien même nous le savions, car c'est avec des héros comme eux que nous sommes venus à bout, durant les années 90, du terrorisme dans notre pays. Quand bien même nous savons que nos troupes traquent, encore et à ce jour, des groupes terroristes qui se terrent dans les denses maquis du Djurdjura. A cette différence qu'à Tiguentourine, il y avait des étrangers en plus des Algériens à sauver. A cette différence, qu'à Tiguentourine, il leur fallait sauver, en plus de l'économie nationale, l'approvisionnement en énergie du marché international. A cette différence, enfin, que pour toutes ces raisons, le monde entier a suivi leur exploit. A ce titre, la nation reconnaissante doit leur rendre hommage. A ce titre, ils ont droit aux plus hautes distinctions du pays. Ils ont droit à une cérémonie où leur courage et leur sacrifice seront reconnus et récompensés publiquement. Il est vrai que tous les militaires, sous tous les cieux, bravent le danger et défendent leur patrie. Il est vrai que l'institution militaire, chez nous, n'a pas pour habitude de fanfaronner. C'est pourquoi d'ailleurs, on l'appelle «la grande muette». Mais voilà que Tiguentourine nous offre l'occasion de mettre en avant la sanction du mérite. Pourquoi ne pas la saisir? Notre jeunesse recèle d'immenses qualités. Elle mérite que tout le peuple lui rende hommage. Elle est notre plus précieux capital!