Scène de la vidéo Prends ta place de Amina Zoubir En attendant que quelqu'un pense à le diffuser chez nous, ce documentaire clôturera le 31 janvier prochain, le festival «Viva l'Algérie», à Paris, à l'ICI, suivi de débats en présence de Amina Zoubir et Yanis Koussim. Vous avez sans doute entendu parler de lui. Le Web-doc Un été à Alger est un documentaire de 52' impulsé à l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance, sur l'initiative de deux journalistes françaises, Aurélie Charon et Caroline Gillet, qui donne à voir plusieurs courts métrages des plus attractifs de quatre jeunes réalisateurs algériens filmant leur ville de façon intime. Coproduit par «Narrative» du côté français (Paris) et «Une Chambre à Soi Production» du côté algérien, (Alger), ce documentaire multimédia propose des visions bien singulières, parfois poétiques, drôles, interrogatives, sans grande ambition peut être cinématographique si ce n'est raconter ce souci du réel qui forme nos vies de tous les jours et partant, permet d'interroger notre mémoire et se projeter sur l'avenir. Ces quatre réalisateurs plus connus au moins sur la place d'Alger et ailleurs, sont des jeunes algériens issus de l'agglomération algéroise ou de la périphérie; ils sont cinéastes, vidéastes ou artistes plasticiens. Ils s'appellent Lamine Ammar-Khodja, Hassen Ferhani, Yanis Koussim, Amina Zoubir. Ils partagent, en effet, leur questionnement identitaire et mêlent leur regard pour dessiner le portrait d'une Alger plurielle, étonnante, mystérieuse qui n'a pas fini de révéler tous ses secrets. Loin des clichés rébarbatifs, ils proposent une multitude de regards, donnant à voir et à dire Alger comme rarement l'ont fait leur prédécesseurs cinéastes. Et cest là où réside toute la singularité et la richesse de ce Web-doc qui, si on peut le visionner sur dailymotion, pour l'instant, ne bénéficie d'aucune projection dans une salle de ciné à Alger, contrairement en France, où il clôturera à Paris, le 31 janvier prochain, à 18h, le festival «Viva l'Algérie» à l'Institut des cultures d'Islam (23 rue Léon, 75018 Paris-Métro Barbès-Rochechouart) en présence des réalisateurs Amina Zoubir et Yanis Koussim. Le film Un été à Alger continue à être diffusé sur la chaîne télé TV5 Monde au grand plaisir des cinéphiles de l'autre côté de la Méditerranée. Intitulé Prends ta place, Amina Zoubir ira dans tous les endroits où on s'attend plutôt à voir un homme pour troquer avec lui sa place et voir ce qui va se passer. Coiffeurs pour hommes, cafés, marchés, terrains de football.. Le résultat est souvent cocasse pour un sujet des plus pertinents. La Nuit de Yanis Koussim est à notre sens le plus abouti dans sa démarche filmique car il va à la rencontre de petites gens, amis ou famille, et prend la caméra pour filmer ses inquiétudes les plus banales qui peuvent être à la fois personnelles et universelles. Des nuits à la fois blanches, captivantes, parfois sombres, mélancoliques, épistolaires, en road movie, en voiture ou en métro, mais des pulsions nocturnes parfois naïves mais intensément simples et belles, ce qui fait tout leur charme lunaire. En remontant Cervantes est l'intitulé du sujet de Hassen Ferhani. Ce dernier n'a pas choisi un sujet facile puisqu'il se fera en arpentant un quartier populaire, passant par le mythique Jardin d'essais où a été tourné le premier Tarzan, via le Musée des beaux-arts, jusqu'à la grotte Cervantès où l'auteur de Don Quichotte se réfugia. Le réalisateur y mêle ainsi au gré de ses rencontres, les images de la vie ordinaire d'aujourd'hui, à celles des archives de ce célèbre film hollywoodien. Il y projettera ainsi une sorte de rêverie imaginaire qui croisera par instant ce passé glamour déchu. Ferhani laisse aussi un homme, à bord d'un taxi, recherchant un mystérieux Sid Ahmed Benengeli, historien de son état. Mais le trouvera-t-on? 50 contre 1 est le titre assez audacieux des courts métrages de Lamine Ammar-Khodja qui, par le truchement d'une forme d'un journal raconté à la première personne, fait entendre «dans une ballade sérieusement légère avec les étudiants», la voix d'un seul homme contre les 50 dernières années... car n'oublions pas que 2012 correspond à l'anniversaire des 50 ans de l'Indépendance de l'Algérie. De la pertinence et des propos qui fusent, sans être une vérité compacte, mais des points de vue et enfin un ton neuf et une expression libre qui contrecarrent la langue de bois que l'on entend habituellement. Bref, Un été à Alger est à prendre comme de la matière faussement brute (ceci est le génie de l'artiste qui vous fait croire le contraire) car travaillé avec talent et pugnacité. La preuve, le Web-doc Un été à Alger commence à intéresser pas mal de festivals dans le monde, soucieux de connaître un peu mieux «Qui sont les petits enfants de l'indépendance algérienne? Comment vivent ils? Comment s'aiment-ils? A quoi rêvent-ils de l'autre côté de la Méditer-ranée?». C'est très bien, mais qu'en est-il du côté de chez nous alors?