Cette culture de la xénophobie est sciemment entretenue La façade de la mosquée de Provins, à 77 km au sud-est de Paris, a été recouverte de six croix gammées dans la nuit de vendredi à samedi 9 février, huit jours après la profanation, dans le même département, de la mosquée d'Ozoir-la-Ferrière. Au sein de la communauté musulmane: c'est la consternation doublée d'un sentiment d'indignation! La recrudescence des actes islamophobes inquiète. La peur s'installe. Les condamnations les plus fermes ne peuvent ni rassurer ni venir à bout de cette culture de la xénophobie sciemment entretenue au sein même des institutions, de la République française, voire même au plus haut niveau de l'Etat, souvent pour des raisons purement électoralistes. Le gouvernement socialiste peut s'égosiller. Il a toutefois à sa décharge le fait d'avoir été à la pointe du combat contre toute forme d'intolérance et de racisme. Cependant, le mal est fait. Il est profondément enraciné au coeur de la société française. La façade de la mosquée de Provins, à 77 kilomètres au sud-est de Paris, a été recouverte de six croix gammées dans la nuit de vendredi à samedi 9 février, huit jours après la profanation dans le même département de la mosquée d'Ozoir-la-Ferrière (Seine et Marne). Le Conseil régional du culte musulman d'Ile de France-Est a appelé dans un communiqué daté du 9 février «les musulmans Franciliens à la vigilance et à la sérénité face à ces actes de provocation lâches et méprisables» ainsi que les pouvoirs publics «à mobiliser tous les services concernés pour identifier au plus vite les auteurs de ces actes et à les déférer devant la justice». Le ministre français de l'Intérieur y a tendu une oreille réceptive et a condamné «avec force cet acte intolérable». Manuel Valls «comprend et partage l'émotion de la communauté musulmane et tient à lui faire part de son entier soutien», a souligné un communiqué de son département ministériel. «Les services de police ont débuté leurs investigations afin d'identifier et d'interpeller le ou les auteurs et les présenter à la justice», a-t-il précisé. Cinq années de matraquage médiatique quasi ininterrompu ont exacerbé les comportements racistes. La haine de l'étranger. Il sera difficile au gouvernement socialiste de gommer l'ambiance dans laquelle ont trempé les débats sur l'identité nationale, la laïcité, le port du voile, la consommation de viande halal... Des vecteurs sur lesquels ont surfé et proliféré les idées et les réactions xénophobes. La communauté musulmane s'est retrouvée contre son gré au coeur d'échanges et de déclarations verbales dont elle était la cible privilégiée. Des femmes et des hommes politiques de droite et d'extrême droite en mal de réponses aux difficultés économiques auxquelles fait face la France (suppressions d'emploi, envolée des chiffres du chômage de celui de la dette publique...) en ont fait leurs sujets de discussions favoris. Quitte à mettre le feu. L'étincelle existe. Il suffit tout juste de souffler pour que l'incendie se propage. Certains ne s'en sont pas privés. L'électorat sensible aux thèses populistes représente un réservoir de plusieurs millions de voix (Marine Le Pen, la présidente du Front national en a obtenu plus de 6,3 millions lors du 1er tour de l'élection présidentielle de 2012). Il peut faire ou défaire la carrière d'un homme politique. Le propulser à l'Elysée ou mettre fin prématurément à son destin présidentiel. Pour se faire réélire, Nicolas Sarkozy a tenté de les siphonner. La stigmatisation de l'immigré musulman de surcroît, a donné du grain à moudre à certains de ses ministres. «En 1905, il y avait très peu de musulmans en France, aujourd'hui il y en a entre 5 et 10 millions... Cet accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements posent problème. Il est clair que les prières dans les rues choquent un certain nombre de concitoyens...», avait déclaré le 4 avril 2011, son ministre de l'Intérieur, Claude Guéant. Conséquences. «Les différents débats sur le halal, les minarets, la burqa, la laïcité, l'identité nationale, l'immigration et les prières des rues ont libéré la parole des extrémistes sans compter les déclarations d'hommes politiques soucieux de se maintenir au pouvoir en déclarant que les musulmans sont un problème pour la France», a fait constater, indigné, au mois de juillet 2012, le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, Abdallah Zekri. Le phénomène ne s'est pas estompé. Les jusqu'au-boutistes ont repris du poil de la bête...