En signe d'ingratitude, envers les soldats musulmans de la légion d'honneur morts pour la France lors de la Première Guerre mondiale, des extrémistes français ont profané 500 des 576 tombes musulmanes du cimetière de la ville d'Arras. Lundi matin, premier jour de la fête musulmane Aïd el-Adha , les habitants de la ville d'Arras sont réveillés par la découverte de la profanation durant la nuit de la majeure partie des tombes des soldats musulmans morts pour la France durant la Première Guerre mondiale. Sur les 576 tombeaux, 500 ont été souillés. De grandes inscriptions tracées à la peinture noire insultent la religion musulmane et citent également la ministre de la Justice Rachida Dati, d'origine musulmane. Sur quelques sépultures, des croix gammées ont également été tracées, et au moins une affichette insultant l'islam a été collée sur une stèle. Cette profanation a immédiatement suscité une condamnation unanime par de nombreux responsables politiques français, à leur tête Nicolas Sarkozy. Ce dernier a déclaré : “Cet acte abject et révoltant, après celui d'avril dernier, est l'expression d'un racisme répugnant dirigé contre la communauté musulmane de France.” Son Premier ministre a condamné les faits qui, selon lui, “s'en prennent à l'Histoire de notre pays, à la mémoire d'hommes d'honneur, à la dignité des défunts”. La nouvelle chef de file de l'opposition socialiste, également maire de la ville de Lille toute proche, Martine Aubry, a parlé quant à elle d'une “blessure pour tous les Français”. Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, le Dr Dalil Boubekeur, a estimé que la profanation des 500 tombes du carré musulman du cimetière militaire Notre-Dame-de-Florette, près d'Arras est “un acte abject, inqualifiable et révoltant”. Dans une déclaration de l'agence de presse APS, il dira que “la profanation de 500 tombes en une seule nuit montre toute la haine démesurée et à la limite de la folie des auteurs qui font acte de provocation envers la communauté musulmane de France, à la veille de la célébration de l'Aïd el Adha”. Selon lui, “un climat d'islamophobie rampant existe actuellement en France” et qu'il est du devoir des pouvoirs publics de combattre ce fléau aux relents racistes et xénophobes et de protéger les sépultures de ceux qui ont combattu aux côtés des soldats français et sacrifié leur vie durant la Première Guerre mondiale. Cette profanation, la troisième du genre à être perpétrée au niveau du même cimetière, a également suscité plusieurs réactions, notamment d'associations de lutte contre le racisme. Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a estimé que “le choix du jour de l'Aïd signe une double provocation à la mémoire des morts et de leurs proches ainsi qu'à la République bafouée à travers ces soldats ayant sacrifié leur vie pour la France”. “Cette nouvelle profanation signe l'insupportable banalisation de la parole raciste qui se prolonge dans ces actes répétés contre des musulmans et leur mémoire”, indique un communiqué du Mrap, qui ajoute que “cette lamentable succession de profanations à caractère islamophobe met en évidence la regrettable inefficacité de la réponse des pouvoirs publics face à cette nouvelle forme de racisme qui prolonge le racisme anti-arabe”. Pour cette ONG, qui estime que “l'impunité favorise la récidive”, elle attend du gouvernement français “au-delà des indignations de circonstances, une stratégie politique dissuasive, notamment par la voie judiciaire, avec obligation de résultats, pour éradiquer ce fléau”. Ceci étant, le cimetière militaire d'Arras a déjà été profané à deux reprises depuis 2007 : dans la nuit du 5 au 6 avril 2008, 148 tombes avaient été recouvertes d'inscriptions injurieuses visant directement l'islam, et dans la nuit du 18 au 19 avril 2007, 52 tombes musulmanes avaient également été profanées. Dans l'enquête sur la profanation d'avril, deux hommes âgés d'une vingtaine d'années, revendiquant des idées proches du néo-nazisme, mais niant les faits, ont été inculpés et écroués mi-septembre. Ils ont été récemment laissés libres sous contrôle judiciaire. Merzak T./Agences