Une mare de sang entravait l'entrée de la mosquée Les graines de la haine semées pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy alimentent et encouragent les actes anti-musulmans. L'acte est abject. Le spectacle révoltant. Les fidèles de la mosquée de Montauban (Tarn-et-Garonne) dans le sud-ouest de la France, qui s'apprêtaient à accomplir la prière du mercredi matin ont été choqués par ce qu'ils ont vu. Deux têtes de porc ont été déposées sur le portail de leur lieu de culte. Alors qu'une mare de sang entravait l'entrée de la mosquée. C'est la consternation. L'Imam de la mosquée est écoeuré. «C'est indigne... S'attaquer à la religion... Je ne sais pas ce qui se passe, les gens perdent la tête, surtout pendant le Ramadhan, alors qu'on prône le dialogue entre les religions», s'est insurgé Mohamed Hajii. Le Conseil français du culte musulman (Cfcm) a dénoncé «avec force la profanation odieuse, en ce mois sacré de Ramadhan, de la mosquée de Montauban», et s'est montré «profondément indigné par cet acte abject qui a visé un lieu de prière et de recueillement». Le ministre français de l'Intérieur a vigoureusement condamné cette profanation. «Un acte aussi révoltant qui porte atteinte à la dignité des Musulmans de France et choque l'ensemble de nos compatriotes attachés aux valeurs de tolérance» a déclaré Manuel Valls. Les extrémistes français ont franchi la ligne rouge. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'ils procèdent de la sorte. Le président de l'Observatoire contre l'islamophobie, Abdallah Zekri, a rappelé les précédents de Castres (ou des pieds de cochon ont été accrochés au portail de la mosquée en 2009) ou celui de Reims. Commis de surcroît en plein mois sacré, ce type de profanation devient insultant, intolérable pour les musulmans indignés et choqués par cette nouvelle agression. L'élection de François Hollande a laissé pourtant entrevoir un apaisement après les virulentes attaques dirigées contre la communauté musulmane. Le répit a été de courte durée. Au mois de juin, les actes islamophobes auraient diminué de sept points par rapport à la même période en 2011, selon un bilan du Conseil français du culte musulman (Cfcm) portant sur le premier semestre de l'année en cours. En hausse de 14 points en mai et de 9 points en avril alors que la campagne présidentielle française battait son plein, les actes anti-musulmans auraient reculé après la campagne présidentielle parasitée par des thèmes stigmatisant la religion musulmane. Une stratégie adoptée par l'ancien locataire de l'Elysée distancé dans les sondages par le candidat socialiste. Nicolas Sarkozy espérait refaire son retard sur François Hollande en développant des thèmes xénophobes pour siphonner les voix du Front national. «Les différents débats sur le halal, les minarets, la burqa, la laïcité, l'identité nationale, l'immigration et les prières des rues ont libéré la parole des extrémistes sans compter les déclarations d'hommes politiques soucieux de se maintenir au pouvoir en déclarant que les musulmans sont un problème pour la France», avait fait remarquer vers la mi-juillet le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, Abdallah Zekri. Rappelons que cette affaire a été précédée par celle de quatre jeunes musulmans pratiquants, animateurs de colonies de vacances, qui avaient été licenciés par leur employeur (la mairie de Gennevilliers qui est depuis revenue sur sa décision, Ndlr) parce qu'ils faisaient le Ramadhan (lire L'Expression du 31 juillet 2012). Une histoire qui a peut-être ouvert la porte à celle de la mosquée de Montauban.