C'est ce soir qu'aura lieu la cérémonie d'ouverture de la 23e édition du plus important rendez-vous cinématographique du continent noir. Le coeur de la ville de Ouagadougou, capitale du cinéma africain, battra la chamade durant une dizaine de jours, au rythme du 7e art, avec au programme 101 films provenant de 35 pays, des jurys exclusivement féminins, le tout dans un esprit d'analyse et de volonté de discuter autour du «Cinéma africain et politique publique en Afrique» thème principal de cette année. Une thématique spécifique «Pour faire le bilan sur le cinquantenaire du cinéma africain» explique Michel Ouedraogo, délégué général du Fespaco. Cette manifestation aura comme invité d'honneur le Gabon. Elle rendra ainsi hommage, entre autres, au réalisateur gabonais, Charles Mensah, qui a donné 37 ans de sa vie au cinéma et fut le président de la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci). Notons que le Fespaco a bénéficié cette année d'un financement de 2924.490 dont une part contributive de l'Union européenne de 1400.000 euros, et ce afin de renforcer les capacités du festival pour les éditions de 2013 et 2015. Au départ, sur les 20 films en compétition, ils étaient trois longs métrages algériens en lice pour l'«Etalon d'or de Yennenga», à savoir Yema de Djamila Sahraoui, Le Repenti de Merzak Allouache et Zabana! de Said Ould Khelifa. Ce dernier, aux dernières nouvelles n'en ferait plus partie. Aussi, La baie d'Alger de Merzak Allouache, Ibn Khaldoun de Chergui Kharoubi et Destin d'un Berger, un docu-fiction de Abderrahmane Benaarous seront projetés hors compétition. Pour le Poulain d'or, récompensant le meilleur court métrage de fiction, Amine Hattou sera le seul réalisateur algérien en lice, avec Les pieds sur terre. Plusieurs autres courts métrages algériens devraient aussi être présentés dont El Djazira (L'île) de Amine Sidi Boumediene, Meilleur film du Monde arabe au festival du film d'Abu Dhabi, Mollement un samedi matin de Sofia Djama et Edwige de Mounia Meddour. Côté compétition officielle du meilleur documentaire, on notera la aprticpation algérienne Bouts de vies, bouts de rêves de Hamid Benamra, Les films documentaires algériens La Langue de Zahra de Fatima Sissani et Afric hotel de Nabil Djedouani et Hassan Ferhani seront projetés hors compétition. Outre les projections dans les différents salles de cinéma, le Fespaco, ce sont également de nombreuses activités parallèles. C'est aussi des conférences, tables rondes, et des projections en plein air. avec le projet «Fespaco classique», il s'agira de projeter cinq films «classiques» qui ont connu du succès auprès des publics des villages, suivis de débat. Pour en savoir plus, le CNA (cinéma numérique ambulant) organisateur de ce projet, initie une conférence de presse le lundi 25 février à 10h. Il annoncera à cette occasion l'élargissement de son réseau à d'autres pays au cours de l'année 2013, et la création d'une unité «Vidéo Fada» dédiée à la réalisation de courts métrages de sensibilisation en Afrique. Aussi, les femmes sont à l'honneur de cette 23e édition du Fespaco. Alors que jusqu'ici, aucune femme n'a remporté l'Etalon de Yennenga, le Grand Prix du Fespaco, tous les jurys seront présidés par des femmes. Face aux contraintes liées à la réalisation d'un long métrage de fiction, nombreuses sont les réalisatrices qui se tournent vers le documentaire.Beaucoup d'entre elles viennent d'ailleurs du journalisme, peut-on lire dans le communiqué du CNA.C'est le cas de la Camerounaise Osvalde Lewat qui préside le jury documentaire. Parce qu'il milite pour une meilleure visibilité des films des femmes, le CNA organise une soirée spéciale consacrée au documentaire féminin, en accord avec son engagement en faveur de la diffusion du documentaire de création auprès des populations. Le vendredi 1er mars est consacrée à la projection-débat des films Le prix du sang de la Camerounaise Anne Elisabeth Ngo Minka et Itchombi de la Togolaise Gentille Assih. «Deux films aux messages forts qui révèlent un désir de prise de parole pour scruter la condition de la femme africaine, les traditions et plus généralement l'organisation de la vie sociale.» Pour sa part l'Institut Imagine, (institut international de perfectionnement et de formation continue aux métiers du cinéma, de la télévision et du multimédia) fondé par le cinéaste burkinabè Gaston JM Kaboré, fête ses dis ans. Depuis 2003, Imagine a formé plus de 700 professionnels venant de 26 pays africains. Pour ce faire, l'institut a concocté un programme chargé très riche dont une expo, des conférences et notamment un colloque sur le don de l'Afrique au monde, qui se tiendra du 22 au 25fevrier auquel prendront part d'éminents intellectuels qui débattront avec le public des différents apports de l'Afrique au monde. Bref, Ouaga ne cessera de bouillonner à partir d'aujourd'hui en connaissant une effervescence sans précédent dans une ville où les gens se battent pour prendre part à ce festival qui draine un monde fou dans les salles obscures...