L'ex-secrétaire général, Ahmed Ouyahia, a été le grand absent de cette cérémonie. Le RND a célébré, hier en son siège à Ben Aknoun, le 16e anniversaire de sa création, sur fond de crise aiguë. La commémoration devait intervenir le 21 février dernier avant quelle ne soit reportée. Pour cause, le secrétaire général par intérim devait se rendre en Guinée équatoriale pour prendre part au 3e Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres du Groupe de coordination du Forum de coopération Afrique-Amérique du Sud, ayant eu lieu du 20 au 23 février derniers à Malabo. Les membres des deux parties rivales ont participé à cette cérémonie symbolique tenue dans l'après-midi d'hier. Pour la première fois, en 16 ans, les festivités ont eu lieu sans Ahmed Ouyahia. Rien n'annonçait, hier, que le RND s'apprêtait à festoyer. L'austérité régnait au niveau du siège national du parti, illustrant où est parvenu le parti. Bensalah tentait de recoller les morceaux de l'organisation de masse des paysans inféodée au RND, dont le responsable a claqué la porte pour rejoindre un autre parti, créant ainsi une organisation parallèle. On a beau chercher, il n'y a pas le moindre signe relatif à une quelconque fête. Cette rencontre aux apparences d'une réconciliation, selon certains, n'en est pas vraiment pour d'autres. Les membres du mouvement de sauvegarde du RND ou redresseurs, se disent retrouver enfin le siège dont les portes leur ont été fermées depuis quelque temps. Le président du bureau provisoire, Abdelkader Bensalah, a fait une allocution à cette occasion. En fait, rien n'a bougé au RND. Il traverse une période de «stagnation des plus cruciales», selon une source proche du parti. La réunion du bureau provisoire «ne pourra avoir lieu qu'après-demain lundi», indique notre source. Cette date coïncide avec le retour du secrétaire général par intérim, Abdelkader Bensalah, de Malabo où il représentait le chef de l'Etat au Forum de coopération Afrique-Amérique du Sud, clôturé hier. Or, jusqu'ici, c'est plutôt le pourrissement, car aucune décision concrète n'a été prise depuis le dernier conseil national ordinaire, explique-t-on. Le bureau technique, composé de huit membres à répartition égale entre les deux camps, est resté sans rien faire. Les membres se tournent les pouces, car aucune répartition des tâches n'a été faite jusqu'à présent, d'après la même source. Pis encore, ces derniers «ne disposent même pas de bureau puisque toutes les portes des bureaux du siège sont fermées et les anciens occupants disparus et les clés avec». Dès lors, explique-t-on, «la réunion qui interviendra probablement au courant de cette semaine est très attendue de part et d'autre». L'une des revendications sur laquelle insiste le mouvement de sauvegarde du RND est la destitution d'une quinzaine de coordinateurs de wilaya, en guise de première vague des départs exigés. C'est à M.Bensalah qu'incombe cette décision d'écarter ces 15 coordinateurs indésirables, d'autant plus qu'ils étaient désignés par l'ex-secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia et non élus, souligne-t-il. Il s'agit, selon notre source, des coordinateurs des wilayas d'Alger, Oran, Constantine, Skikda, Mila, Tissemsilt, Mostaganem, Guelma, Relizane, Tlemcen, Tiaret, Chlef, Batna, El Bayadh, El Oued. Ces 15 secrétaires de wilaya, qui cumulent plusieurs fonctions à la fois, sont des plus contestés, confie-t-on. C'est par eux, en particulier, que le statu quo et la crise ont ébranlé la maison du parti de l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Illustrant bien cette situation de décadence, notre source cite le cas du coordinateur de la wilaya de Guelma, qui, dit-il «est secrétaire RND de cette wilaya depuis 1997. Il est député, président de la commission de la Défense nationale de l'APN, président de l'organisation locale des moudjahidine. Et le pire dans tout ça, il est illettré! En outre, ces deux fils sont élus grâce à ses appuis, député et sénateur RND pour l'actuel mandat». Outre les reproches relatifs à l'utilisation du parti pour assouvir leurs intérêts étroits, par l'accaparement des structures organiques de cette formation, il est noté que «l'argent sale, mauvaise réputation et antécédents judiciaires sont des défauts dominants parmi ce groupe». Par ailleurs, l'élargissement du bureau par deux membres supplémentaires est une autre décision que doit trancher le président du Conseil de la nation lors de la prochaine réunion. Enfin, vu ses engagements officiels, Abdelkader Bensalah n'arrive pas à donner satisfaction aux revendications des uns et des autres. M.Bensalah qui n'a pas voulu prendre en charge sa nouvelle mission à la tête du parti tant qu'il était président du Sénat et représentant du chef de l'Etat, a du mal à assumer la rude tâche de remettre sur les rails son parti.