On compte plusieurs brûlés à différents degrés. Hier, aux environs de 18h 40, une très forte explosion a secoué le gigantesque complexe de gaz naturel liquéfié, au niveau de l'unité 40, sis au port de Skikda. Il s'agirait d'un bac de stockage qui aurait explosé, faisant voler en éclats les vitres des habitations situées à plusieurs kilomètres à la ronde. Un immeuble adjacent aurait également été soufflé. Selon les premiers éléments d'information, le complexe, qui s'étend sur des dizaines d'hectares, et servant à acheminer nos exportations gazières vers l'Europe, a littéralement été soufflé par cette énorme déflagration. 6 morts ont été comptabilisés dès les premières minutes du sinistre. Plus d'une soixantaine de blessés, atteints de brûlures très graves, seraient également comptabilisés parmi les cadres et ouvriers travaillant sur le site. Le souffle de cette explosion, croit-on savoir, aurait endommagé de nombreuses infrastructures avoisinantes, mais aussi secoué très sérieusement des habitations et des bateaux amarrés dans les quais adjacents. Tous les moyens locaux de la Protection civile ont été mobilisés pour organiser les premiers secours face à cette catastrophe, qualifiée de «gigantesque» par des témoins joints hier par téléphone. Tout le périmètre a été bouclé par les services de sécurité par crainte de nouvelles explosions, mais aussi pour permettre aux éléments de la Protection civile et aux services médicaux d'organiser correctement les secours. Les blessés étaient, hier, en train d'être acheminés vers les hôpitaux de Constantine, Annaba et Aïn Naâdja d'Alger. Un climat de panique indescriptible régnait, hier, dans toute la ville de Skikda et dans des régions limitrophes, puisque la déflagration a été entendue jusqu'à une vingtaine de kilomètres à la ronde, selon des témoignages. Beaucoup de familles, venues aux nouvelles pour s'enquérir de leurs proches travaillant au complexe ou au port, étaient priées de patienter en attendant que la liste des morts et des blessés soit élaborée par les éléments de l'identité judiciaire, comme c'est de coutume dans ce genre de catastrophes. Selon notre correspondant sur place, hier, à l'heure où nous mettions sous presse, les unités 20, 30 et 40 étaient toutes en flamme dans un périmètre interdit à tout le monde alors que des sources hospitalières n'hésitaient pas à avancer le chiffre de plus d'une dizaine de morts et d'une centaine de blessés. Selon les premiers constats, le terrible accident serait dû à une négligence. Toutefois, la piste du sabotage ne peut être écartée dans l'état actuel des choses. Le complexe a été édifié dans les années 1970 pour favoriser les exportations gazières de notre pays vers les autres régions du monde. Celles-ci, qui avaient été particulièrement dopées ces dernières années, risquent de chuter à la suite de ce terrible drame. Le complexe, en effet, a une capacité de 11,2 millions de mètres cubes, alimentant des pays comme la France, la Belgique et la Turquie, sans parler des navires qui assurent les rotations dans ce complexe. Dès les premières minutes de l'annonce de la nouvelle, le président de la République, en déplacement à Constantine, a instruit le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, pour mettre en place des cellules de crise. Celles-ci, au nombre de trois, se trouvent sur site, à Sonatrach et au siège du ministère. Celle-ci, est composée également de cadres du ministère et de Sonatrach, ainsi que du commandant de la Protection civile, M.Hebiri. Un avion spécial a été affrété, hier, afin de permettre à ces responsables de se rendre sur les lieux du sinistre dès les premières heures de la nuit. Selon des sources crédibles, le bilan de cette catastrophe, vu l'ampleur de l'explosion, était appelé à s'alourdir plus encore dans le courant de la nuit d'hier. Les mêmes sources avancent des centaines de milliards de dinars de pertes matérielles. Des observateurs n'hésitent pas établir le parallèle entre ce drame et l'explosion du site AZF de Toulouse. Outre les terribles impacts causés sur les populations par cette catastrophe, nul ne peut dire en effet quelles vont en être les conséquences environnementales et sanitaires futures. Nous y reviendrons.