Le patron du football national offre à l'Algérie son premier poste électif à la CAF depuis 40 ans. «Zone nord : Raouaraoua». Une fois de plus le nom du président de la FAF était cité lors du dépouillement du scrutin portant sur le renouvellement des membres du comité exécutif de la CAF. Il s'agissait, en la circonstance, de la 25e fois où ce nom réapparaissait. Il lui fallait encore une voix pour être assuré du poste tant convoité car sur les 52 votants il y avait eu déjà un bulletin nul. On tire une nouvelle enveloppe puis on l'ouvre. L'ensemble des journalistes algériens qui se trouvaient ce jeudi à la salle Carthage de l'hôtel Abou Nouas de Tunis où se déroulait l'assemblée générale de la CAF, ont retenu leur souffle. Le nom de Raouaraoua allait-il, de nouveau apparaître ? Ce premier bulletin devait les décevoir. Ce sont les noms de deux de ses adversaires qui sont cités. Le moment de joie est remis à plus tard. Nouveau bulletin et toujours pas de Raouaraoua. «Qu'importe, se dit-on, il a assez d'avance pour gagner». Encore un autre bulletin : pas de Raouraoua. Quatrième bulletin : cette fois ce nom est cité, pour la 26e fois. Raouraoua est élu. Aussitôt une clameur éclate du côté des journalistes algériens. Les membres de l'AG se tournent vers eux et sourient. Votre serviteur se lève et se dirige vers Raouraoua assis de l'autre côté de la salle entre Mecherara, le président de la LNF et Châabane, le président de la CCA, les deux autres représentants de la FAF à cette AG. On félicite l'intéressé qui nous demande moins de triomphalisme. «Le dépouillement n'est pas fini, nous dit-il. Je n'ai pas encore gagné». On l'assure que notre décompte est juste et que plus rien ne peut empêcher son élection. Le dépouillement se termine. Mecherara le réconforte à son tour. Raouraoua nous regarde. On voit ses yeux rougir. On se penche pour l'embrasser et le féliciter. A ce moment-là, le patron du football algérien ne peut plus se contenir. Alors qu'on le serrait dans nos bras, il fond en larmes. L'émotion a été la plus forte et Mohamed Raouraoua ne pouvait pas la contenir. Il reprend son souffle et s'essuie les yeux. A ses côtés Mecherara et Châabane ont eux aussi été vaincus par l'émotion et ont pleuré. Mais c'étaient des larmes de joie et de bonheur. Inutile de vous dire que par la suite, ce fut un incessant défilé de confrères, puis de personnalités de l'AG venues pour congratuler le président de la FAF qui venait de donner à l'Algérie son premier poste au bureau exécutif de la CAF depuis près de 40 ans. Grâce à lui, l'Algérie obtenait sa première victoire dans cette CAN 2004. Pourtant, rien n'avait été facile. L'élection pour les deux postes de la zone nord de l'instance était loin d'être acquise pour notre représentant. C'est que Raouraoua avait affaire à une rude concurrence avec la candidature du Marocain Said Belkhayat, l'un des titulaires des deux postes et qui pensait être réélu très facilement, l'Egyptien Hany Abu Rida, le Libyen Abdelamadjid Bouchwecha et le Tunisien Slim Chiboub. Il se trouve que ce dernier a préféré se retirer au dernier moment pour se consacrer au scrutin portant sur la désignation du représentant africain au comité exécutif de la FIFA. Ce retrait n'avait rien de fortuit. Il avait dû se soumettre à de longues tractations entre le camp algérien et tunisien. Raouaraoua et Chiboub s'étaient certainement entendus pour faire barrage à leur concurrents et le coup a parfaitement fonctionné. Au moment où Raouaraoua reprenait ses esprits après la confirmation de son élection, on a pu voir Chiboub, assis non loin de Blatter, le patron de la FIFA, lui faire un salut de la main puis lever le pouce en signe de victoire. De fait, avant que ne débute le vote pour le bureau de la FIFA, on a annoncé le retrait de Raouraoua et du Togolais Mémène. Le Tunisien était aussitôt installé sur une voie royale qui l'a mené vers une élection sans problème avec 31 voix contre 13 à Belkhayat et 7 à Abu Rida. Et cette fois c'est Raouraoua qui a tenu à lever son pouce en guise de victoire pour Chiboub. Toujours sous le coup, l'émotion passera ensuite à l'inévitable test de la presse, nationale en particulier. «Ce n'est pas ma victoire seulement. C'est celle de l'Algérie et de son football. C'est celle de ses clubs, de ses sélections nationales. Aujourd'hui est un grand jour car il offre à la première discipline sportive du pays de se booster et de continuer dans la voie qui est la sienne, celle de la refondation. J'avais dit au moment de mon élection de la FAF que celle ci devait léguer la gestion des compétitions nationales à une autre structure. C'est pourquoi, nous sommes allés vers la création de la ligue nationale. La FAF a pu, ainsi, se tourner vers des tâches importantes dont celle de son redéploiement sur le plan international car l'Algérie ne pouvait rester indéfiniment en dehors du circuit d'instances aussi importantes que la CAF et la FIFA. Nous avons apporté un nouvel élément à l'édifice de reconstruction. Cette élection devrait appeler d'autres victoires pour le football algérien». Dans le scrutin pour le poste du président de la CAF, il n'y eut pas de surprise. Issa Hayatou a été réélu dans un fauteuil par 46 voix contre 6 à son adversaire le Botswanais Ismaïl Bhamjee.