Depuis 2005, seulement sept dossiers de blanchiment d'argent ont été transmis à la justice par la Ctrf. La lutte contre le blanchiment d'argent reste faible. La Cellule de traitement du renseignement financier (Ctrf) est incapable de tout contrôler. Elle souffre de l'insuffisance d'effectif. Le président de cette cellule, Abdenour Hibouche, l'a admis à demi-mot lors de son passage, hier, sur les ondes de la radio Chaîne III. Sur ce point précis, ce responsable a jugé insuffisant le nombre d'agents qui opèrent au sein de son organisme par rapport au nombre de dossiers à traiter. «La Ctrf comprend 25 agents. C'est insuffisant par rapport au nombre de dossiers qu'on reçoit», a-t-il avoué. Opérationnel depuis 2005, le Ctrf n'a pas les moyens de sa politique. Alors que sa mission demande un travail d'investigation de longue haleine, cet organisme se retrouve avec une équipe réduite et des dossiers lourds sur la table. M.Hibouche a rappelé qu'«en février 2012, le président de la République a instruit le gouvernement, la Banque d'Algérie et les autorités à apporter leur plein concours à la Ctrf, installée au ministère des Finances. Le plan d'action du gouvernement adopté en octobre 2012 a renforcé l'organisation de la Ctrf. Tout cela participe à cet objectif de doter la Ctrf en ressources humaines et financières». Revenant sur les déclarations de soupçon, ce responsable a précisé que le nombre de déclarations de soupçon a connu une nette progression depuis 2005. «En 2005, on a reçu 11 déclarations de soupçon. Et le nombre est en constante évolution depuis 2005. Il est passé de 1083 déclarations de soupçon en 2010, à 1576 en 2011 et à 1373 en 2012», a-t-il affirmé en précisant que ces déclarations de soupçon proviennent des banques. «La Banque d'Algérie a effectué, dans le cadre de ses prérogatives, un large contrôle de toutes les banques, et c'est grâce à ce contrôle, fait à travers la direction générale des inspections générales mandatées par la commission bancaire, que ce chiffre est en évolution», a-t-il souligné. Alors que le nombre de déclarations est en nette augmentation, les dossiers transmis à la justice restent insignifiants. Depuis 2005, seulement sept dossiers de blanchiment d'argent ont été transmis à la justice par la Ctrf. «Sept dossiers seulement ont été transmis à la justice. Il s'agit de suspicion de capitaux transférés à l'étranger, mais aussi liés à des transactions immobilières», affirme M.Hibouche. Il a tenu à préciser que ces sept affaires ne sont pas liées au trafic de drogue ou au financement du terrorisme. «En ce qui concerne l'argent de la drogue ou du financement du terrorisme, les trafiquants et les terroristes n'utilisent pas les circuits bancaires. Ils utilisent d'autres canaux, et c'est la raison pour laquelle la Ctrf n'a pas eu à traiter directement ce genre d'affaires, du moment où on est saisi par les banques», explique-t-il. Le président de la Ctrf affirme que même si le nombre de déclarations de soupçon a baissé en 2012, par rapport à 2011, il y a eu plus d'affaires transmises à la justice. Il a cité trois dossiers seulement à avoir été remis à la justice en 2012, contre deux en 2011. Le président de la Ctrf rappelle que toutes les professions non financières doivent s'impliquer dans le dispositif de lutte contre le blanchiment d'argent, à savoir «les avocats, les notaires, les commissaires aux comptes, les experts comptables, les commissionnaires en douanes, les agences immobilières, les concessionnaires automobiles», puisque la loi le leur permet. «Il est clair que les personnes voulant blanchir de l'argent sale peuvent contourner les circuits bancaires et faire appel à d'autres intermédiaires pour le blanchiment de leurs fonds, et toutes ces catégories sont tenues de par la loi d'établir et de transmettre les déclarations de soupçon», explique-t-il.