Un groupe de travail, piloté par le ministère de l'Intérieur, sera installé mercredi. Il devra élaborer, dans les plus brefs délais, des mesures de lutte efficaces. Le calme est revenu hier à Constantine après une journée de dimanche agitée. Le bilan fait état selon une source bien informée, de pas moins de 35 arrestations parmi les émeutiers, dont des repris de justice, qui ont tenté de prendre d'assaut le Palais de justice. L'on dénombre aussi la blessure de 17 policiers. Ces derniers ont été attaqués à coups de pierres par des intrus qui ont investi la manifestation qui se voulait pacifique, en signe de solidarité avec les familles des petits Brahim et Haroun, assassinés par des criminels. Leur but était de semer le désordre et le chaos dans la ville. Tous les présents dans la rue avait condamné ces actes. Ces Constantinois qui avaient d'une seule voix exprimé leur soutien indéfectible aux parents des deux victimes en suivant la grève générale et notamment pour dénoncer le double crime de Brahim et Haroun, n'étaient certainement pas d'accord avec la violence. Redouane, un restaurateur qui avait baissé rideaux la veille nous déclare «Pourquoi en venir à la violence? Je ne comprends pas ce qui se passe dans l'esprit de certains, c'est abject de vouloir détourner le malheur des autres pour des tentatives d'enlèvement des enfants en bas âge se poursuivent. Oran, cette wilaya qui continue à se chercher socialement, est, à l'instar du reste des autres régions du pays, gagnée par le phénomène. Dimanche après-midi, dans le bidonville géant d'El Hassi, une fillette n'a dû son salut qu'en prenant la fuite lorsque deux individus, à bord d'un fourgon blanc de marque Master, l'ont apostrophée avant de tenter leur coup, la kidnapper. La fillette s'est aussitôt mise à crier à gorge déployée tout en fuyant ses ravisseurs. Sur le champ, le père de la fillette a vite fait de s'adresser aux services de la brigade de la gendarmerie de Yaghmouracen les mettant en alerte maximale. Ces derniers, mobilisés aussitôt, se sont mis à la recherche du véhicule dont le signalement est donné par la famille de la gamine et a été transmis au reste des autres brigades et compagnies de la gendarmerie d'Oran. Toutes les recherches, qui ont été lancées, ont été vaines, le fourgon signalé s'est, en un laps de temps très court, éclipsé dans la nature. Dans un autre coup et selon des informations difficiles à vérifier, la fillette qui aurait été portée disparue dans la ville d'Oran, aurait été retrouvée tandis que les auteurs de son rapt au nombre de trois, roulant à bord d'un véhicule de marque Atos auraient été arrêtés par les gendarmes de la brigade de l'Usto d'Oran. La fillette serait une élève de l'école primaire Abdelmoumen de la ville d'Oran. Elle aurait été portée disparue depuis la fin des cours de la matinée de dimanche. Ce n'est pas tout. Tôt dans la matinée de dimanche dernier dans la localité de Misserghine, une tentative d'enlèvement d'une collégienne aurait été perpétrée par des individus roulant à bord d'un véhicule de couleur blanche. Il était environ 9 heures quand les cris de cette jeune fille auraient attiré l'attention de citoyens attablés dans un café situé non loin du lieu où la jeune fille tentait d'échapper à ses ravisseurs. Ces derniers, pourchassés par les citoyens, auraient pris la fuite vers une destination inconnue. Cela s'est passé pendant que des centaines de personnes, voire des milliers, jeunes, moins jeunes, travailleurs et même lycéens, se sont rassemblés, dès les premières heures de la matinée de dimanche, devant le siège de la cour de justice, située au centre-ville de Constantine. Les manifestants ont tenu à exprimer leur solidarité avec les familles de Brahim et Haroun, les deux enfants enlevés et assassinés, la semaine dernière à la Nouvelle-Ville, Ali-Mendjeli. Comme premières décisions prises hiérarchiquement, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a ordonné la mise en place d'une série de mesures rapides contre les enlèvements d'enfants. L'action du gouvernement s'articule autour de la sensibilisation, la prévention et le traitement judiciaire ferme et rapide contre les auteurs de ces crimes. Comme il a appelé au durcissement du Code pénal quitte à le réviser tout en n'écartant pas l'application de la peine capitale contre les auteurs d'enlèvements d'enfants. Sur un autre plan, un groupe de travail piloté par le ministère de l'Intérieur sera installé, au plus tard, mercredi. Il devra élaborer, dans les plus brefs délais, des mesures de lutte efficaces. En plus des campagnes de sensibilisation à mener contre ce fléau, les services de sécurité renforceront les patrouilles pédestres dans les aires de jeu, les places publiques et autour des établissements scolaires. Les enlèvements d'enfants ont vite fait de mobiliser les parents des élèves scolarisés. Les établissements scolaires connaissent, aussi bien à la rentrée qu'à la sortie des classes, des rassemblements de plusieurs dizaines de parents, l'inquiétude de ces derniers n'est pas près d'être surmontée de sitôt.