Constantine a frôlé la catastrophe hier. Ce qui devait être une journée morte, de deuil et de recueillement a dégénéré pour se transformer en émeute. Résultat : des blessés, des arrestations et des dégâts. Il est clair que la récupération était au rendez-vous. Ce qui n'a pas échappé aux parents de Haroun et Brahim, lesquels refusent qu'on détruise, saccage et brûle au nom de leurs enfants. «Aucun membre des familles des victimes ne soutient le désordre observé hier. Les familles des victimes sont confiantes et souhaitent que la justice, seule autorité capable d'intervenir, fasse son travail et que les deux criminels soient jugés, à la hauteur de leur acte abominable», nous rapportent ce matin des confrères basés à Constantine. Les parents des petits Brahim et Haroun ont d'ailleurs appelé les manifestants à «ne pas marchander avec notre malheur et le sang de nos enfants.» En ville, un calme précaire régnait ce lundi matin à Constantine. La ville était quadrillée par un dispositif sécuritaire discret, même si au niveau de plusieurs carrefours de la ville des ponts, étaient visibles des barrages de police. En outre, des rondes étaient effectuées par des policiers à bord de voitures de police et d'autres banalisées, rapportent des sources locales. « C'est logique, après le mouvement de protestation d'hier et les échauffourées provoquées par des intrus, nous sommes dans l'obligation de rester mobilisés pour éviter un quelconque trouble à l'ordre public», nous dit un officier de police. Les accès menant vers la nouvelle ville Ali-Mendjeli, lieu du drame qui a coûté la vie aux deux chérubins, sont également mis sous haute surveillance par les éléments des forces de l'ordre. Des jeunes qui se sont regroupés ce matin à l'UV 18, voulaient, selon nos sources, faire une descente au palais de justice qui est depuis hier cerné par les brigades antiémeutes. «L'acte isolé évoqué par le procureur de la République ne tient pas la route. Nous exigeons toute la vérité sur les tenants et les aboutissants de ce crime odieux», disent certains jeunes à des correspondants locaux. En outre, des sources sécuritaires disent que lors des émeutes qui ont opposé hier les services de l'ordre à des personnes probablement manipulées qui ont pris part à cette manifestation qui se voulait apolitique, une «dizaine d'émeutiers ont été arrêtés et plusieurs policiers blessés par les jets de pierres». Selon d'autres sources, «ces émeutiers arrêtés, ne sont pas de la ville de Constantine». C'est dire que les opportunistes ne désespèrent pas de voir l'Algérie rechuter. «Profitant du drame terrible qui a secoué deux familles en deuil, ces manipulateurs au service de clans occultes cherchent à tout prix à détourner la situation à des fins dévastatrices. Ils trouvent du plaisir à marchander avec le malheur des autres», disent des citoyens à des correspondants locaux. Selon certaines sources sécuritaires, «cette manifestation n'était pas prévue, il s'agissait seulement d'une grève générale à laquelle a appelé la population en signe de solidarité avec les familles endeuillées». Qui est donc à l'origine ce mouvement de protestation ? Les investigations lancées par les services compétents devraient aboutir à démasquer les instigateurs qui ont appelé aux troubles. Les soupçons sont dirigés, selon nos sources, «vers des militants islamistes». Le projet des intrus a encore échoué, après Ouargla, Constantine a donné une leçon aux désespérés du printemps arabe. En effet, après une journée électrique, «le calme va reprendre ses droits», nous dit un officier de police. Dernière minute Une élève de l'école primaire Abdelmoumen de la ville d'Oran disparue depuis la fin des cours de la matinée d'hier, a été retrouvée au cours de la même journée. Les auteurs de son rapt au nombre de trois roulant à bord d'une Atos ont été arrêtés, nous ont indiqué des sources sécuritaires. Par ailleurs, tôt dans la matinée de ce lundi à Misserghine (Oran), une tentative d'enlèvement d'une collégienne, a été avortée grâce aux cris de l'enfant qui ont alerté les clients du café Zabana qui ont réussi à faire fuir les malfrats.