La petite Sana, 6 ans, enlevée jeudi à Tlemcen, a été retrouvée étranglée, enfermée dans un fût. Psychologues et sociologues se penchent sur ce nouveau phénomène et tentent de remonter à ses origines. Après les horribles assassinats des petits Haroun et Ibrahim retrouvés étranglés après leur kidnapping à la cité Ali-Mendjeli (Constantine), un drame similaire vient de frapper une famille à Tlemcen. Une fillette, prénommée Sana, orpheline de père, âgée de 6 ans, a, en effet, été enlevée, jeudi après-midi, à la sortie de son école, à 15h 30. Sa mère habitant la cité Benaïssa-Okacha à Tlemcen, ne voyant pas sa fille arriver, a donné l'alerte et des recherches intensives ont été aussitôt engagées par les services de sécurité. Toutes les zones aux alentours de l'école et de la cité ont été ratissées. Finalement la petite Sana a été retrouvée, malheureusement morte étranglée et jetée dans un puits, selon des confrères de la radio locale, reprenant des sources sécuritaires. Le présumé criminel, serait, selon la même source, le beau-père de la fillette. Des informations faisant état d'autres enlèvements ou tentatives d'enlèvement se sont succédé durant les dernières 24h. Hier, vers 21 heures, une jeune fille âgée d'une vingtaine d'années a été sauvée de justesse des griffes de ses ravisseurs par des automobilistes et quelques riverains au lieudit Aïn El-Melha dans la commune de Gué de Constantine. A Aïn Témouchent, une jeune fille, âgée de 23 ans, enlevée et séquestrée par huit individus, au niveau de la plage Chatie El-Hilal (Oued El- Halouf), a été libérée hier par les éléments du groupement territorial de la Gendarmerie nationale d'Aïn Témouchent. Les gendarmes ont été alertés par un citoyen qui les a avisés de l'enlèvement à Sidi Ben Adda, d'une jeune fille par un groupe de jeunes circulant à bord de deux véhicules. Les auteurs de l'enlèvement ont été arrêtés. A Guelma, une collégienne de 13 ans, enlevée et séquestrée par une bande de jeunes malfaiteurs, a miraculeusement échappé jeudi à ses ravisseurs. Le rapt de la fillette s'est passé mercredi après-midi, dans une rue du quartier populaire de Bourdjiba, sur le chemin du CEM Salah-Makhloufi, sur les hauteurs de la ville de Guelma. Trois individus l'ont forcée à les suivre. Ils l'ont ensuite séquestrée dans une maison abandonnée. En attendant l'examen du médecin légiste, «elle est émotionnellement fatiguée», a déclaré la tante à des confrères de la radio locale. A Annaba, un mineur de 16 ans a été enlevé au centre-ville et violé par deux individus dans le quartier de la Colonne. La victime été libérée hier par les forces spéciales de la police. La victime a été retrouvée dans un cabanon sis sur le front de mer d'Annaba. A Oum El-Bouaghi, deux écolières ont été enlevées par deux malfaiteurs. Les fillettes, selon des sources locales, ont subi toutes sortes de sévices à l'intérieur d'une forêt. Elles ont été retrouvées attachées à un arbre. A Jijel, une tentative d'enlèvement d'une fillette d'une dizaine d'années a été déjouée par des citoyens. Selon certaines sources concordantes contactées ce matin, «au moment où les mis en cause tentaient de saisir la fillette celle-ci, apparemment plus rapide, a réussi à s'échapper. Ses cris ont rameuté tout le voisinage». Enfin, les forces de sécurité de la wilaya de Ghardaïa ont réussi à retrouver l'enfant Amar âgé de 12 ans, disparu durant 48h alors qu'il sortait de la mosquée Ben Smara où il était allé faire sa prière. Des drames qui choquent 19 décembre 2012 / Chaïma Yousfi, 8 ans, Mahelma (Alger) : enlevée près de son domicile sis à Mahelma (ouest d'Alger), le corps sans vie de la petite Chaïma a été retrouvé le vendredi 21 à l'entrée du cimetière de Mahelma. 26 décembre 2012 / Soundous G., 6 ans, Draria (Alger) : enlevée mercredi 26 décembre, elle a été retrouvée, jeudi 27, morte, à l'intérieur d'une armoire, assassinée et enveloppée dans un sac en plastique. L'auteur du meurtre n'est autre qu'une femme, une parente âgée de 30 ans. - 13 février 2013 / Mehdi, 7 ans, Ghardaïa : kidnappé un mercredi 13 février 2013, l'enfant a été retrouvé deux jours après, mort, au quartier Ben Smara, au centre-ville de Ghardaïa. - 9 mars 2013 / Brahim Hachiche, 10 ans, et Haroun-Zakaria Boudaïra, 9 ans, Ali-Mendjeli (Constantine) : les corps des enfants sont retrouvés mardi dernier, vers 13h, par des ouvriers d'un chantier, à environ 500 m l'un de l'autre. Ils étaient portés disparus depuis samedi 9 mars après-midi. A Tizi Ouzou, plusieurs enlèvements sont enregistrés durant ces quatre derniers mois. A cet effet, une importante marche, ainsi qu'une grève générale qui avait paralysé toute la localité le 7 de ce mois à Béni Douala à l'appel de la coordination des comités de villages de la daïra et de la famille Laceuk, qui est toujours sans nouvelles de son fils Ali, enlevé depuis le 23 février. A Constantine, une grande marche blanche a été organisée par des habitants de la nouvelle ville Ali-Mendjeli, en signe de solidarité avec les familles des deux enfants lâchement assassinés, pour tirer la sonnette d'alarme et dire «Halte aux kidnappings». Le pourquoi d'un fléau - Qu'en est-il des causes de ce nouveau phénomène dans notre société ? L'effondrement des valeurs sociales et morales dans la société algérienne est la principale cause du développement des enlèvements en Algérie, particulièrement après la décennie noire, ont estimé des juristes qui insistent sur la nécessité de «la révision du système scolaire, social, moral et religieux» pour l'élimination de ce fléau. Les auteurs d'enlèvements et d'atteintes à la pudeur, qui se sont multipliés ces derniers temps en Algérie, tels les incestes, «sont les jeunes dont l'adolescence a coïncidé avec la décennie noire, ou en raison de la propagation de chaînes de télévisions étrangères diffusant des programmes de basse moralité ou incitant à la violence, ajoutent les mêmes spécialistes. Ces derniers divergent, cependant sur la «peine maximale» qui devrait sanctionner le kidnapping pour mettre un terme à ce genre de crime. A ce propos, l'universitaire et juriste Hocine Bouchina, a estimé que les enlèvements «sont une sorte de pulsions isolées qui se manifestent sous l'effet de la vengeance, et traduisent une situation de dépravation des mœurs».