La concorde, aussi généreuse qu'elle puisse être, a besoin d'un Etat de droit doté d'une institution judiciaire qui fonctionne convenablement. Dans son allocution à l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire, le Président de la République a passé en revue les différents chantiers ouverts depuis son accession à la magistrature suprême. Ainsi, la concorde, la réforme de la justice et les réformes économiques ont été abordées par le chef de l'Etat. Autant de dossiers que Bouteflika juge interdépendants dans l'effort de redressement de l'Etat algérien. Cela étant, le Président de la République est allé plus loin dans l'interprétation qu'il fait des concepts avancés et mis en application depuis avril 99. Sur la question de la concorde, le chef de l'Etat s'est exprimé en termes clairs sur la définition exacte du terme concorde en affirmant: «Cette Concorde n'est pas la voie du pardon ouverte à la barbarie criminelle de ceux qui se sont élevés contre leur peuple et contre leur religion.» Bouteflika affirme vouloir, à travers sa démarche, «une paix définitive et non (un) répit illusoire ou une simple rémission». L'important, selon le chef de l'Etat, est d'éviter une concorde qui, «laissant subsister les causes profondes de la crise, les ressentiments et les antagonismes délibérément exacerbés, vouerait le pays à une violence récurrente...» Cette volonté d'amener les «Algériens à vivre ensemble, dans le respect mutuel et de se retrouver dans des ambitions communes pour un avenir de prospérité commune» ne se fera pas, à en croire Bouteflika, sur le dos de l'Etat qui «continuera à mettre en oeuvre tous les moyens, sans exception, dont il dispose, pour la combattre et finalement la détruire (barbarie criminelle Ndlr». Cela étant, la démarche de la concorde aussi généreuse qu'elle puisse être, a besoin d'un Etat de droit pour l'accompagner efficacement. Un Etat de droit, c'est avant tout une institution judiciaire qui fonctionne convenablement. Cela, le chef de l'Etat l'a souligné fortement en relevant que la réforme de la justice en cours constitue «un lien essentiel dans la politique de renouveau national». Bouteflika a tenu à préciser que la finalité de cette réforme est la «sauvegarde des droits des personnes, la protection du citoyen contre toutes les formes d'abus», tout en insistant sur «la simplification des procédures, l'élimination des excroissances et des empiètements, la transparence des procédures de décision...» Enfin, toute la batterie de textes qui régulent le fonctionnement de l'institution et qui se doivent d'être d'abord au service du citoyen. Enfin, et dans le cadre de la relance économique, le chef de l'Etat a annoncé la définition, prochainement, d'un cadre à vocation technique dont la mission est d'améliorer le fonctionnement de l'administration publique et la validation des programmes de développement.