Les commissions interministérielles n'arrivent toujours pas à régler le problème Le pain est devenu en Algérie une affaire d'Etat qui a mis dans le «pétrin» deux ministères qui n'arrivent pas à solutionner le problème. Depuis quelques années, entre le gouvernement et les boulangers, c'est une histoire d'amour sans fin. Comme dans la vie de chaque couple, il y a un point qui crée des tensions. L'objet de la discorde dans ce vieux couple est le prix de la baguette de pain. Au début, le gouvernement s'était montré inflexible sur la question. «Pas d'augmentation du prix, pas d'augmentation des subventions», ne cesse-t-il de marteler. Mais au fil des années, les boulangers ont finalement réussi à mener à la baguette le gouvernement qui s'est résigné à étudier la question. Il ont même réussi à en faire une affaire d'Etat. Experts, réunions entre les boulangers et représentants de différents ministères. Il est même allé jusqu'à créer une commission nationale chargée d'évaluer le prix de la baguette de pain qui est composée d'un représentant des ministères du Commerce, des Finances, de l'Union nationale des boulangers (UNB), de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) et du groupe industriel Eriad. Malgré cette commission que l'on peut qualifier d'interministérielle, étant donné qu'elle regroupe des représentants du ministère du Commerce et celui des Finances, le problème n'a pas encore été solutionné. Deux ministères n'arrivent pas à régler le petit problème du prix de la baguette de pain! Et tout porte à croire qu'il est loin d'être solutionné. Tous les indices indiquent que cette commission nationale chargée d'évaluer le prix de la baguette de pain a échoué. Installée au début du mois de mars, elle devait rendre ses conclusions à la fin du même mois, mais rien n'y fut. Les raisons? On croit savoir que les boulangers ne veulent rien entendre. «Ils veulent une baguette à 12 DA», informe-t-on, alors que le ministère du Commerce ne veut pas entendre parler d'augmentation de prix. «L'augmentation du prix du pain n'est pas à l'ordre du jour pour le moment», a affirmé, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio national, Abdelaziz Aït Abderrahmane, directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce. «Le gouvernement ne privilégie pas cette solution d'augmenter le prix du pain, mais il privilégie plutôt l'augmentation du revenu des boulangers», a assuré ce cadre supérieur du ministère du Commerce. «Il a été décidé de dépêcher quatre équipes au niveau de quatre wilayas (Béchar, Oran, Alger et Constantine) avec des experts pour essayer d'avoir une méthode unique pour déterminer le coût de la baguette de pain. Dès que nous aurons les résultats, le groupe interministériel va examiner la question et voir dans quelle mesure essayer d'augmenter la marge bénéficiaire ou le revenu des boulangers», a-t-il expliqué, en soulignant que le gouvernement penche plus vers une augmentation des subventions accordées à ce produit de première nécessité. Il n'en demeure pas moins que malgré le fait que le prix du pain soit toujours fixé à 7 5 DA la baguette, elle est vendu à 10 DA chez la majorité des commerçants et boulangers. Cela du fait de la grande «qualité» des services de contrôle du ministère du Commerce. «Cette situation signifie en d'autres termes de faire d'une pierre, deux coups» pour les boulangers. On augmente les subventions, et on continue de vendre à 10 DA la baguette. Ce qui mettra Benbada face à un dilemme: permettre s'il décide de pas subventionner et augmenter les prix, il sera dans le «pétrin». S'il fait cette concession sur ce produit dont le prix n'a pas augmenté depuis 1996, ce sera la catastrophe assurée. Il provoquera un sérieux mécontentement au sein des populations. La pression s'accentue de ce fait sur Mustapha Benbada qui n'est pas capable de régler une histoire de pain. Et quand on connaît la «compétence» du ministre du Commerce dans la gestion des pressions de tous types, notamment l'expérience des marchés informels, le contrôle, le paiement par chèque..., cela laisse présager que Benbada cèdera encore! Et comme d'habitude, ce sera encore une fois, le citoyen qui payera les pots cassés en étant privé de son pain dans tous les sens du terme...