Photo : S. Zoheir Par Ziad Abdelhadi Les artisans boulangers ont-ils eux enfin gain de causes dans leur revendication visant à revoir à la hausse le prix du pain ? C'est à croire que c'est le cas dès lors où le ministre du Commerce a installé, mercredi dernier, une commissions mixte qui va se charger de mener une enquête nationale pour évaluer le coût de revient réel de la baguette de pain. Cette commission devrait, selon le directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, M. Abdelaziz Ait Abderrahmane cité par l'APS hier, effectuer dès la semaine prochaine des visites aux boulangeries des wilayas du Nord, de l'Est, du Sud et de l'Ouest du pays pour évaluer le coût réel de la baguette de pain. «Pour ce faire, la commission composée notamment d'un représentant des ministères, du Commerce, des Finances, de l'Union nationale des boulangers (UNB), de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) et du groupe industriel Eriad (Entreprise des industries alimentaires, céréalières et dérivés) va assister aux différentes étapes de la préparation de ce produit de large consommation», a précisé le directeur de la régulation. Ce dernier a par ailleurs souligné que les résultats de cette enquête permettront de définir les démarches à suivre pour répondre aux revendications des boulangers afin d'améliorer leurs revenus sans augmenter le prix du pain proposé au consommateur. Ce que d'ailleurs la corporation des boulangers a toujours laissé entendre par la voie de M.Youcef Kalafat, président de l'Union national des boulangers (UNB, relevant de l'Union générale des commerçants et artisans algériens, Ugcaa). Ce dernier a en effet souvent martelé lors de ses sorties médiatiques que «les boulangers ne veulent pas augmenter le prix du pain, mais réclament la satisfaction de leur principale revendication qui est de fixer la marge bénéficiaire à pas moins de 15% sur le prix de revient». Non sans informer tout dernièrement que l'Union nationale des boulangers avait transmis ses propositions pour faire face à «la crise» que traverse la corporation au ministère du Commerce qui s'est engagé à examiner ces revendications et présenter des solutions en concertation avec le gouvernement. L'exécutif qui selon Ait Abderrahmane a pris le dossier des boulangers en main. «Il est en train de l'examiner avec un groupe de travail qui devrait communiquer ses conclusions prochainement tout en précisant qu'il (le gouvernement) rejette tout idée d'augmenter les prix de la baguette de pain». Cependant le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, avait affirmé que les boulangers qui fabriquent uniquement le pain font face, en effet, à des problèmes liés au bénéfice car le prix de ce produit est resté inchangé depuis 1996. Le prix d'un pain ordinaire est toujours fixé à 7,5 DA et celui amélioré à 8,5 DA. Mais il est utile de rappeler enfin que la baguette à 7,50 DA a disparu depuis longtemps des étals des boulangeries. Quant à la baguette à 8,50 DA, rares sont les boulangers qui appliquent le tarif en vigueur. Le pain (qualifié d'améliorer !) est très souvent cédé à 10 DA. Et quand un client demande à ce que le prix officiel soit appliqué il lui est chaque fois répondu que les pièces de 0,50 DA ne sont plus en circulation. C'est à croire que certains boulangers ont décidé de leur propre chef d'augmenter le prix de leur baguette et qu'ils veulent aujourd'hui officialiser.