Pour les experts, une telle enveloppe aurait permis de mettre fin au problème du chômage à travers la création des entreprises. Enorme. Le budget consacré à l'investissement public donne le tournis. Près de 220 milliards de dollars, tel est le budget consacré par l'Etat depuis 2004. Un montant qui coupe le souffle aux Algériens. Selon la direction générale de la prévision et des politiques (Dgpp) du ministère des Finances, le montant des investissements publics «effectivement décaissé» par le Trésor depuis 2004 devrait atteindre 15.800 milliards de DA, soit près de 220 milliards de dollars d'ici à la fin 2013. En dix ans, les objectifs fixés n'ont pas été totalement atteints. Les problèmes se multiplient dans tous les secteurs. Le logement, l'emploi, les soins sont devenus un casse-tête chinois pour les citoyens. Pour les experts, une telle enveloppe aurait permis de mettre fin au problème du chômage à travers la création de milliers d'entreprises. L'économiste Mohamed Baloul estime que ce budget est énorme. «On aurait pu relancer de nouvelles unités industrielles», a-t-il affirmé. Notre interlocuteur relève qu'il y a un problème structurel. Le montant des investissements n'assure pas un retour sur la croissance qui reste encore faible dont le taux est de 3%. M.Bahloul explique cette problématique par le fait que «l'Etat consacre ses investissements aux infrastructures publiques et sociales, entre autres construction des écoles, des hôpitaux et des ministères pour l'absorption des foyers de tension». L'expert souligne que l'Etat a choisi d'être le seul foyer de satisfaction des besoins sociaux, ce qui à ses yeux, est une équation insoluble. L'expert Abderrahmane Mebtoul relève une contradiction dans les chiffres. «On avait avancé un montant de 500 milliards de dollars pour l'investissement public lors d'un Conseil des ministres et actuellement on parle de 220 milliards de dollars», a-t-il affirmé en s'interrogeant sur le chiffre officiel. Le professeur estime que quel que soit le montant déboursé, le taux de croissance n'a pas dépassé les 3% depuis 2004. Sur ce point, il a rappelé le rapport de Mena en 2009, relevant que l'Algérie dépense deux fois plus pour avoir un moindre taux de croissance que les pays voisins. «Avec toutes les tensions sur le front social, on ne voit pas l'impact de ces investissements», a-t-il reconnu, en précisant que 70% du montant ont été mis dans les infrastructures. Pour lui, l'idéal c'est d'orienter ces investissements pour la création de richesses, et de postes d'emploi. L'Etat débourse sans compter mais le résultat n'est pas palpable sur le terrain. M.Mebtoul déplore le fait qu'aucun bilan n'ait été dressé entre 2004 et 2009. «Qu'avons-nous réalisé avec 220 milliards de dollars?», s'est-il interrogé. Sans entrer dans les détails, notre interlocuteur a fait savoir que le rapport de la Banque mondiale en 2009 indique que l'Algérie a enregistré 20% à 30% de surcoût par rapport à la norme internationale pour les infrastructures. Ceci démontre la gestion irrationnelle des ressources de l'Etat et du suivi. Face à ce vide, le phénomène de la corruption prend des proportions alarmantes et devient monnaie courante dans toutes les transactions.