Chacun sait que les cigarettes vendues dans les kiosques et sur les étals proviennent, en grande partie, de la contrebande laquelle est, selon des experts, à l'origine de la disparité des prix et d'un manque à gagner au Trésor public. Les réseaux de contrebande de cigarettes dont une grande partie est contrefaite au Mali et au Niger, continuent d'inonder le marché algérien. Une réalité devenue un secret de polichinelle en Algérie où les consommateurs continuent d'être la principale source de revenus aux influentes personnes derrière ce juteux marché. L'abondance des saisies quotidiennes effectuées dans le Sud algérien est un indice révélateur de l'ampleur de ce phénomène qui continue de se développer, générant des milliards de dinars de profit aux trafiquants et un manque à gagner considérable au Trésor public. «Le hic est que, même si les cigarettes proviennent de la contrebande, cela n'empêche pas les autorités publiques de percevoir des taxes et ce, malgré la concurrence déloyale que nous subissons de la part des revendeurs à l'étal», révèle le propriétaire d'un kiosque qui précise que «s'il nous est imposé de vendre à 70 DA le paquet de Legend, les revendeurs à l'étal le revendent à 60 ou 50 DA, ce qui, par conséquent, fait fuir les clients». En effet, au marché de Oued Kniss (Les Anassers ex-Ruisseau) et en d'autres marchés, les paquets de Legend et autres marques entassées d'une manière hétéroclite dans des cartons sont revendus à 50 DA le paquet et ce, au vu et au su de tout le monde. Un des revendeurs, gonflant le torse, nous révèle que «pour un seul carton nous faisons un bénéfice net de 2000 DA Barda!» et d'un ton fier ajoute «même les forces de sécurité à bord de véhicules de patrouille, s'arrêtent pour s'approvisionner chez nous». Mis en confiance, celui-ci s'est laissé aller à faire des révélations sur ses fournisseurs. «Je ne connais qu'une seule personne qui nous livre les cartons que nous payons à 20 DA le paquet, après la vente» lança-t-il. Aucune autre indication ne nous a été fournie sur les véritables pour s du marché parallèle en Algérie. La contrebande de cigarettes est, selon des experts, à l'origine de la disparité des prix affichés aussi bien dans les kiosques que sur les étals. Le phénomène perdure et ne semble pas inquiéter outre mesure les autorités publiques. Un laxisme fructifié par les nombreux cartels qui arrivent à contourner les souricières tendues par les forces de sécurité. Hier encore et en une seule journée, un peu moins de 3000 cartouches ont été saisies à Ouargla et El-Oued, principaux lieux de transit de cigarettes et autres denrées prohibées. A rappeler que durant l'année écoulée (2003) environ 45.000 cartouches ont été saisies. Le plus étonnant est que, malgré la forte présence des forces de l'ordre sur le Sahel et le long des frontières, les contrebandiers arrivent tant bien que mal à passer au travers des mailles des filets et acheminer leurs cargaisons vers les villes du Nord. Le faux et usage de faux ainsi que la «tchipa» sont le plus couramment utilisés par les contrebandiers lesquels usent de bien d'autres astuces aux seules fins de se constituer des fortunes... au détriment du Trésor et de la santé publique.