L'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de 60,2 milliards de DA durant l'exercice de 2005. C'est l'équivalent de 800 millions de dollars US, un résultat qui ne peut être concrétisé par n'importe quelle société. En hors taxes, le chiffre d'affaires de l'entreprise a atteint 21,5 milliards de DA. C'est dire que la SNTA demeure l'une des rares entreprises rentables d'un apport considérable pour le Trésor public. Son CA a connu une évolution importante de plus de 8 % par rapport à 2004. D'ici à la fin de l'exercice en cours, ses dirigeants prévoient un volume de ventes de 802 millions de paquets de cigarettes. Une production en nette progression en comparaison avec les années précédentes. La tendance générale de la consommation nationale étant orientée vers les blondes et l'abandon progressif des brunes, a poussé les responsables à revoir à la hausse la production des premières (blondes). La quantité de cigarettes blondes fabriquées est passée de 287 millions de paquets en 2000 à 517 millions de paquets en 2005. Ainsi, plus de 65% de la fabrication sont des blondes. La SNTA versera un montant de 39 milliards de DA de taxes au Trésor public. Durant l'exercice précédent, elle a payé déjà la coquette somme de 36 milliards de DA. Ce qui confère à la SNTA, estime le président du directoire, M. Ahmed Madjour, le rang de deuxième entreprise après Sonatrach en termes de paiement de la fiscalité. Elle réalise, ajoute-t-il, un meilleur pourcentage soit 65 % en termes de valeur ajoutée. Depuis 1996, la société n'importe plus de cigarettes. Selon lui, il n'existe plus d'importations en Algérie hormis la société mixte, STAEM (société de tabacs algéro-emirati), créée dans le cadre d'un partenariat entre la SNTA et les investisseurs émiratis qui est encore autorisée avant de réaliser son investissement. Les produits étrangers qui pénètrent le marché national sont, précisera M. Madjour, l'œuvre de la contrebande et le fait de la contrefaçon. “La SNTA assure une couverture de 70% de la demande nationale. Mieux, notre société satisfait 100 % de la demande exprimée par les consommateurs sur ses propres produits”, tient à souligner notre interlocuteur. Il indiquera que l'entreprise n'exerce aucune limite d'aucune nature en matière d'approvisionnement de ses clients, ses distributeurs et les buralistes. “Ils peuvent s'approvisionner en quantités qu'ils souhaitent et nous ne les obligeons pas à prendre une marque ou une autre”, avouera-t-il. Abordant le phénomène de la contrefaçon, le premier responsable de la SNTA parle de concurrence déloyale. 70 % de parts de marché “65 % du prix final du paquet de 20 cigarettes sont payés par notre entreprise à l'Etat sous forme de taxes. Chose que la contrefaçon et le contrebande ne font pas !” argue-t-il. Il faut dire que la contrefaçon et la contrebande n'ont pas été sans conséquences sur le rendement de l'entreprise. Les méfaits de ce phénomène ont été ressentis en 2004, année durant laquelle les ventes de la SNTA ont enregistré une baisse sensible de 10 %. La société a vendu 840 millions de paquets, en 2003, mais elle a vu ses ventes baisser à 755 millions de paquets en 2004. Le CA a, lui aussi, subi une baisse de 5,3% en hors taxes et de 0,8% en toutes taxes confondues (TTC) en 2004 par rapport à 2003. Toutefois, la situation s'est redressée pour l'année en cours. Pour 2005, la société attend un bénéfice net de 8,8 milliards de DA. Le marché informel est estimé, selon le président du directoire, à 30 %. Le reste, soit 70 % sont des parts du marché national détenues par la SNTA. Sur une consommation de 1,2 milliards de paquets de cigarettes/an, 800 millions appartiennent à la SNTA et 400 millions sont versés dans la contrebande donc qui échappent au contrôle. Les cigarettes introduites en Algérie par le canal de la contrebande sont, selon le premier responsable de la SNTA, tous des produits contrefaits. Il indiquera aussi que personne ne connaît l'origine de ces produits qui demeurent de mauvaise qualité et sont cédés à des prix très bas. “À titre d'exemple, on peut trouver sur le marché des cigarettes Legend qui ne sont pas celles vendues en Allemagne”, signalera-t-il encore. L'un des challenges de la SNTA reste la qualité du produit proposé à la clientèle. La cigarette de la SNTA est fabriquée à partir d'un mélange de 15 sortes de tabacs, chacun avec sa qualité est importé de plusieurs pays. D'où la fidélité de la majorité des clients pour ces cigarettes. “Nos produits se rapprochent de plus en plus des standards internationaux et répondent aux normes requises en matière de santé”, affirmera M. Madjour. La SNTA compte améliorer sa production et la qualité de ses produits, notamment après le lancement de la STAEM. Fiscalité : 2e meilleure contribuable Cette société mixte dispose d'un capital social de 1,5 milliard de DA (20 millions de dollars US) détenu à raison de 49% par la SNTA et à 51% par les investisseurs arabes. Elle est destinée à produire des cigarettes internationales en Algérie. Actuellement, la société est en phase d'importation en attendant l'installation de l'usine de fabrication dans la zone industrielle de Ouled Fayet. Le début de la fabrication est prévu en principe vers la fin de l'année 2007. Le projet est en phase d'étude d'implantation. STAEM fabriquera ainsi sous licence des cigarettes de marques détenues par Philip Morris, telles que Marlboro, L&M, Gauloises… la capacité de l'usine est estimée à 200 millions de paquets de cigarettes/an toutes marques confondues. Autorisée conformément à la loi par les pouvoirs publics avant la réalisation de son usine, STAEM a importé 17 millions de paquets de cigarettes de marques Marlboro, L&M, West… depuis mai 2005. Le président du directoire tient à préciser que depuis l'arrivée de la STAEM, la contrebande s'est affaiblie. Les produits de la contrebande ont également été réduits sur le marché avec la promulgation de la nouvelle loi en octobre 2004 où la création des partenariats entre sociétés nationales et étrangères a été encouragée. Outre l'amélioration de la qualité de son produit, la SNTA a pour objectifs inscrits dans son plan de développement, de renouveler les équipements dans le cadre de la mise à niveau. Si 65% de ses machines sont de dernière génération, d'autres en revanche restent obsolètes qui ont plus de 30 ans d'âge. Sur un autre registre, le directoire envisage, une délocalisation de ses usines installées essentiellement dans des zones urbaines tel que demandé par le gouvernement vers des zones industrielles. Par ailleurs, la direction de la SNTA s'inscrit dans le programme de privatisation arrêté par l'Exécutif. La SNTA fait partie des entreprises privatisables. Actuellement le gouvernement et le directoire sont en train d'étudier la meilleure formule pour laquelle ils opteront. Trois options se présentent pour cela. Il s'agit, d'un rachat de toute l'entreprise par un repreneur national ou étranger, ou la privatisation de l'une des filiales, ou une ouverture de capital. Pour cela, conclura M. Madjour, la SNTA demeure viable et fiable. Badreddine KHRIS