Le Sommet Afrique-USA, prévu pour le 2 novembre, est un événement dans l'histoire des deux parties. L'Afrique est de loin la région la moins développée de la planète avec un PNB dérisoire, une économie en lambeaux, des conflits internes récurrents, un taux de mortalité infantile le plus élevé au monde et des dizaines de millions de malades du sida. Autant de maux qui font de l'Afrique un continent à la traîne encore bien éloigné du XXIe siècle. Les Etats-Unis sont la première puissance mondiale. Lorsque l'économie américaine s'enrhume, c'est toute la planète qui éternue. C'est dire le fossé qui sépare les deux entités qui, jusqu'à récemment encore, évoluaient sur deux rives parallèles. Depuis peu, mondialisation oblige, les USA s'intéressent de plus près au continent noir, dont les dirigeants semblent avoir pris conscience de l'impératif du compter-sur-soi pour peser, un tant soit peu, sur leur propre destinée. C'est de ce postulat qu'est née la Nouvelle initiative pour l'Afrique dont l'ébauche a été présentée au sommet d'Alger de l'OUA. Avec le Nigeria et l'Afrique du Sud, l'Algérie est l'un des moteurs de cette dynamique qui donne à l'Afrique l'opportunité, pour la première fois de son histoire, d'être offensive sur le terrain diplomatique. Et c'est armés de ce plan détaillé, qui a, d'ores et déjà, séduit plus d'un chef d'Etat occidental, que les pays de ce qui est désormais qualifié de «l'axe Alger-Johannesburg» ont rencontré les pays du G8 à Gênes, la présidence de l'Union européenne à Bruxelles et la France lors du Sommet France-Afrique. A chaque réunion, les Africains marquent des points. Le rendez-vous du 2 novembre prochain constitue une étape, de loin, la plus déterminante dans la démarche de renouveau africain. Le Sommet intervient à un moment où les Etats-Unis ont grand intérêt à élargir au maximum leur alliance contre le terrorisme. Les pays africains qui développent depuis quelques années un discours cohérent sur les thèmes des droits de l'homme et du terrorisme, ont toutes les chances d'être entendus par l'administration US qui, depuis le 11 septembre dernier, a complètement révisé ses priorités dans la région. De plus, le Président américain, qui semble sensibilisé sur le dossier africain, aura le 5 novembre, un entretien en tête à tête avec Bouteflika en tant qu'initiateur de la démarche pour le renouveau de l'Afrique et Président d'un des plus importants pays du continent. Le Sommet se présente donc comme une chance inespérée pour les Etats africains et comme un moyen efficace pour les USA de rallier à leur cause plus d'une cinquantaine d'Etats.