Quelles sont, selon vous, les préoccupations majeures des entrepreneurs? Les problèmes rencontrés par les entreprises en Btph demeurent un handicap majeur pour le développement de notre wilaya. Les entrepreneurs souffrent essentiellement de la bureaucratie administrative dans l'approbation des projets et des avenants ainsi que les retards dans les payements. Actuellement, nous souffrons de la pénurie de ciment, mais surtout le problème de la main-d'oeuvre. A quoi est dû ce manque de main-d'oeuvre? Avec le programme de réalisation de deux millions de logements, l'offre est importante comparativement à la demande. Il y a aussi la facilité d'accès au crédit dans le cadre des dispositifs d'aides aux jeunes même sans qualification. Cela a créé un déséquilibre entre l'offre de travail et la demande en main-d'oeuvre. D'un autre côté, les entreprises ont une part de responsabilité. Il y a absence d'avantages pour les ouvriers du secteur du Btph, notamment les avantages sociaux. Quelles sont les solutions que votre organisation préconise pour juguler cet épineux problème? Bien qu'il y ait environ 800.000 ouvriers dans le bâtiment à l'échelle nationale, le problème de la main-d'oeuvre demeure un handicap majeur pour la réalisation des projets. Nous préconisons, en effet, certaines solutions. Les salaires des ouvriers doivent être revalorisés en régularisant les prix unitaires du marché à leur juste valeur ainsi que la création d'avantages sociaux. Revoir à la baisse les charges parafiscales imposées aux entreprises serait aussi nécessaire pour les entreprises. Par ailleurs, ces mêmes jeunes devraient être incités à se former en artisans dans le cadre des dispositifs d'aides pour devenir de véritables sous-traitants. Il faudra également les aider à se rapprocher des centres de formation professionnelle. Enfin, pour palier à l'urgence, il faut importer une main-d'oeuvre qualifiée à même de former celle locale. Puisqu'on en parle. Est-ce que les entrepreneurs profitent de ces budgets alloués à la wilaya de Tizi Ouzou dans le cadre des programmes de développement? En théorie, on dit oui, il y a des budgets attribués. Donc, tout le monde en profite, les entreprises, l'Etat, le citoyen et en général toute la wilaya. Malheureusement, dans la réalité, la chose est compliquée pour l'entreprise. Toutes les entreprises réalisatrices trouvent d'énormes problèmes durant la réalisation des projets en commençant par les retards dans l'approbation du marché. Durant la phase réalisation, l'entreprise fait face à la rareté de la main-d'oeuvre, les pénuries répétitives du ciment et enfin les retards dans le payement. L'entreprise doit attendre plus d'une année. Alors, je ne vois pas de quoi l'entrepreneur profite. Il est plutôt tout le temps à courir derrière la régularisation de ses obligations fiscales avec les pénalités de retard et le payement des dettes des fournisseurs. A quel point donc, l'entreprise est-elle responsable dans la faible consommation des budgets qui caractérise la wilaya de Tizi Ouzou? Il faut d'abord savoir une chose. Pour consommer, il faut réaliser et pour réaliser, il faut toute une procédure administrative qui dure plus d'une année avant que le marché soit attribué. On commence par l'avis d'appel d'offres et on parvient à l'approbation du marché par le contrôleur financier après plus d'une année. Ceci est dû aussi aux retards de payement des travaux supplémentaires et complémentaires au marché, notamment. Leur signature est soumise à plusieurs rejets qui s'étalent une année, voire plus. On peut également signaler les contraintes rencontrées durant la réalisation, comme les oppositions, les pénuries de ciment et divers matériaux de construction et surtout le problème de la main-d'oeuvre. Dans tous les cas, la situation physique des projets est plus en avance que la situation financière. Un dernier mot? Si vous le permettez, je dirai que l'Ugea, Fédération de Tizi Ouzou, est disposée à collaborer avec les pouvoirs publics pour assainir l'environnement de l'entreprise dans la wilaya et ainsi contribuer à la réalisation du programme quinquennal 2010-1014 dans un cadre de partenariat, créateur de richesses et d'emplois. Nous leur dirons que nous partageons avec eux le même objectif et souci de développement de notre wilaya. Et pour cela, il faudra installer un cadre de partenariat entre les entreprises et les pouvoirs publics.