Pour les uns, le problème réside dans l'insuffisance de l'offre, pour les autres, il s'agit plutôt d'un problème de gestion de l'offre. Il était grand temps d'aborder la question du foncier industriel en Algérie. C'est le Forum des chefs d'entreprise (FCE) qui décide de le faire. «Il faut adopter des textes d'application élargissant l'utilisation du domaine public par le privé et l'intégration dans l'offre foncière des biens wakfs à exploiter selon les formules propres prévues par la loi pour cette catégorie de biens», a déclaré, hier, Ali Daiboun, expert foncier au cours d'un atelier de réflexion sur le dispositif régissant le foncier industriel. L'atelier organisé par le Forum des chefs d'entreprise (FCE) était l'occasion pour de nombreux experts de présenter une série de propositions à explorer et engager le débat pour des solutions satisfaisantes à l'épineux problème du foncier industriel en Algérie. Pour cet expert, «tout le monde s'accorde à dire que le foncier est un obstacle à l'investissement. Si pour les uns, le problème réside dans l'insuffisance de l'offre, pour les autres, il s'agit plutôt d'un problème de gestion de l'offre. Aujourd'hui, l'action de l'Etat est orientée vers la bonne direction qui peut être consolidée à travers diverses autres pistes à explorer». Saluant les décisions prises par le Conseil des ministres du 11 février 2011 dont la réduction des prix des terrains à usage industriel, délocalisation de la décision d'attribution des terrains au niveau des wilayas (Calpiref), la généralisation du gré à gré et la réalisation de 42 nouvelles zones industrielles, cet expert a plaidé pour «l'approfondissement de la nouvelle gouvernance qui s'est dessinée à travers la concertation gouvernement/ entreprises». «Il s'agit de systématiser la concertation, de mettre en place des mécanismes d'évaluation des politiques du foncier industriel et d'approfondir la connaissance du marché foncier», a-t-il expliqué. L'intervenant a souligné «la nécessité d'engager de nouvelles mesures destinées à accroître l'offre foncière, citant celles relatives à la surtaxe du foncier industriel privé inutilisé, la possibilité de considérer le foncier industriel inexploité comme abus de droit pouvant en entraîner la récupération, du terrain non utilisé par l'Etat après indemnisation». La réalisation des 42 zones industrielles par l'Etat risquant de prendre du temps, le FCE a insisté sur l'importance d'ouvrir au secteur privé la possibilité d'aménagement et de gestion des zones industrielles. L'Etat doit, par ailleurs, abandonner la recherche du gain financier immédiat dans l'allocation de la ressource foncière au profit du gain économique, a préconisé l'organisation patronale. «Il ne s'agit pas de vendre du terrain au prix le plus fort, mais d'assurer à l'investissement la disponibilité d'un facteur important de son développement de manière à ce qu'il y ait multiplication d'activités et par la suite, élargissement de la base taxable», a précisé M.Daiboun. Les politiques d'incitation doivent être harmonisées, a encore souligné le FCE qui a plaidé également pour la recherche de l'équilibre des droits et obligations entre l'Etat et l'investisseur dans l'acte de concession. L'ouverture au profit des banques d'un marché secondaire des concessions foncières leur permettant de placer celles hypothéquées par les débiteurs défaillants a été aussi soulignée par l'organisation patronale. Le FCE a mis l'accent sur la nécessité de réunir dans un seul instrument juridique les règles applicables au foncier qu'il soit privé, public ou habous. Selon ce spécialiste du foncier, l'administration a multiplié les dispositifs juridiques, apportant une réponse administrative à un problème économique. «Les dispositifs juridiques qu'elle (l'administration) a élaborés jusque-là traitent invariablement du prix du foncier, du mode de mise en produit, adjudication ou gré à gré, du mode de mise à disposition (cession ou concession) et du niveau décisionnel dans le processus d'allocation de la ressource foncière, focalisant sur la seule prise en compte de ses seules préoccupations», a-t-il indiqué. Les principales institutions du pays concernées par la question du foncier font, aujourd'hui, un constat d'échec et les statistiques de l'activité de l'Aniref et des Calpiref témoignent de cet échec, a-t-il ajouté.