L'émissaire américain chargé de négocier avec les taliban est arrivé au Qatar, où les rebelles afghans ont ouvert un bureau de représentation cette semaine, a indiqué hier un responsable américain. James Dobbins, l'envoyé spécial des Etats-Unis pour l'Afghanistan et le Pakistan, doit prendre part aux entretiens prévus hier entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry et les responsables du Qatar, a expliqué ce responsable. Les responsables du département d'Etat ont toutefois indiqué ne pas pouvoir préciser quand M.Dobbins allait entamer d'éventuelles discussions avec les talibans et ont souligné que M.Kerry n'y prendrait pas part. L'administration américaine et les talibans ont décidé de renouer le dialogue alors que les Etats-Unis se préparent à retirer leurs 68.000 soldats d'Afghanistan l'année prochaine, mettant terme à une longue guerre de plus en plus impopulaire. Mais les Etats-Unis ont provoqué le mécontentement du président afghan Hamid Karzaï en annonçant maladroitement mardi de prochaines négociations de paix avec les taliban, grâce à leur nouveau bureau de représentation au Qatar. Le président Karzaï n'a en particulier guère apprécié le nom de ce bureau taliban, l' «émirat islamique d'Afghanistan», l'appellation du gouvernement du mouvement islamiste jusqu'à son renversement en 2001. Sous la pression du Qatar et des Etats-Unis, le nom a depuis été modifié. Et M.Kerry a appelé deux fois M.Karzaï pour tenter de le calmer. James Dobbins s'est rendu séparément au Qatar, où John Kerry est arrivé hier matin pour participer à la réunion des «Amis de la Syrie». A Kaboul, le président Karzaï a «insisté une fois encore sur le fait que le processus de paix devait être mené entre Afghans», a indiqué la présidence afghane dans un communiqué. «Nous ne permettrons pas à des étrangers d'utiliser le processus de paix pour poursuivre des objectifs nuisibles (aux intérêts afghans)», a déclaré M.Karzaï, cité dans le communiqué, lors d'une réunion avec des parlementaires organisée samedi dans la capitale afghane. Les rebelles talibans refusent à ce stade de négocier avec le gouvernement de Kaboul, qu'ils considèrent comme une «marionnette» des Etats-Unis, et le président Karzaï craint d'être marginalisé par des pourparlers directs entre les Américains et les insurgés.