Il faudrait certainement beaucoup d'années pour venir à bout des «cellules dormantes» du terrorisme. Lorsque le corps inanimé du terroriste tué à la forêt dite «Chouicha», fût fouillé, les gendarmes de Zemmouri restèrent sans voix : dans une de ses poches, une liste précise de plusieurs «remmala», des pilleurs de sable qui payaient régulièrement l'impôt sur le sable pillé à Zemmouri, Sahel Boubrak et le long littoral de la côte-est de Boumerdès, laquelle s'étend des «Figuiers» jusqu'à Dellys. Rapidement, la section recherche du groupement de Boumerdès se mit au travail, et c'est une véritable course contre la montre qui est engagée. Si les «remmala» venaient à être mis au courant de la mort, dans une embuscade, du principal représentant des groupes du Gspc disséminés dans les maquis de Ouled Ali, Laggata et les montagnes alentours, il y auraient de fortes chances pour qu'ils s'évanouissent dans la nature. Aussi, fallait-il agir vite et de façon réglée comme un métronome pour arrêter tout le groupe en même temps, sans, toutefois, inquiéter ceux qui n'étaient pas mouillés dans ce financement. Au bout d'une semaine d'investigation, la section recherches de Boumerdès, a pu arrêter en divers endroit de la région les principaux «pour s de fonds», incriminés dans le financement du Gspc. Notre source, un officier sécuritaire à Thénia, nous a précisé que le «coup de filet» s'est terminé sans effusion de sang et sans qu'aucune balle ne fut tirée. Aussitôt arrêtés, les cinq mis en cause, ont été placés par le procureur du tribunal de Boumerdès sous mandat de dépôt. D'une autre source, on apprend aussi que deux hommes ont été arrêtés à Tizi Ouzou pour «soutien au terrorisme». Les deux mis en cause on été arrêtés, hier, dans la ville de Tizi Ouzou et seront présentés demain devant le procureur de la République près le tribunal de Tizi Ouzou. C'est pratiquement le dixième réseau qui est démantelé en quelques semaines, et depuis le début de l'année, près d'une centaine d'individus ont été arrêtés et présentés devant les tribunaux. Souvent, et en l'absence d'éléments à charge concrets, ceux-ci les relâchent, faisant grincer les dents des officiers de police et de la gendarmerie qui ont mené la traque. Des réseaux pareils, on en fait tomber chaque semaine à Tizi Ouzou, Bouira, Alger, Blida, Médéa, Saïda, Jijel, Batna, Sétif, etc. C'est donc la quasi-totalité des villes les plus importantes du pays qui sont concernées par ce phénomène qui prendra certainement des années encore pour prendre fin, comme il a pris des années pour être constitué. L'univers de la guerre a créé en Algérie tout un monde qui s'articule autour de l'activité terroriste. Les groupes armés dans les maquis sont la partie visible de ce monde, que constituent les «cellules dormantes», placées en milieu urbain, et dont le travail consiste à l'«information utile», l'aide et l'hébergement. Entre ces deux pôles, existent les «réseaux actifs non armés», constitués de groupes de financement, de fonction, d'acheminement, d'achat, de surveillance et d'investissement. L'argent prélevé sur le pillage de sable, sur les récoltes ou sur le commerce est souvent placé dans l'«investissement indirect», dans l'immobilier, l'agriculture, le transport et l'importation de matériel électronique. Et là, ce sont des agents au-dessus de tout soupçon qui gèrent ces placements. C'est le Gspc, l'organisation terroriste armée la plus importante du pays, qui est passé maître, notamment à Tizi Ouzou et Boumerdès, dans ce genre de transactions.