Les terroristes bombent le torse «Al Qaïda et ses groupes affiliés, de plus en plus diffus, font preuve de résilience et sont loin d'être vaincus» Les révoltes arabes, la prise du pouvoir par les islamistes, la politique extérieure des pétromonarchies et l'ingérence occidentale constituent, à ne pas en douter, les ingrédients qui ont incontestablement nourri le terrorisme dans le monde. Ce qui a compliqué davantage la lutte antiterroriste c'est le comportement des pays du Golfe à l'image de l'Arabie Saoudite et le Qatar deux pays qui n'ont pas caché leur tendance wahabo-salafiste sous l'oeil bienveillant de l'administration Obama. C'est ce qu'avoue un expert américain, Seth Jones, en matière de lutte antiterroriste. Ce dernier affirmait jeudi dernier, devant le Congrès US que «les répercussions des bouleversements politiques dans plusieurs pays arabes ont compliqué davantage la lutte contre le terrorisme et d'Al Qaîda». Ce spécialiste en défense souligne devant la commission chargée des questions de terrorisme auprès de la Chambre des représentants «une augmentation continue du nombre des branches d'Al Qaîda et l'extension géographique de leurs activités». A ce titre, il ne manquera pas de mettre en garde «qu'Al Qaîda et ses groupes affiliés, de plus en plus diffus, font preuve de résilience et sont loin d'être vaincus». Ce spécialiste des questions sécuritaires donnera notamment comme exemple Al Qaîda au Maghreb islamique et Ansar Al-Charia pour l'Afrique du Nord, Al Qaîda en Irak, Al Qaîda dans la péninsule arabique (Aqap, basé au Yémen), Al Shabab basé en Somalie, et le groupe le plus récent Djabhat al-Nousra basé en Syrie né à l'ombre d'une crise provoquée de l'extérieur prétextant la démocratie. «Parmi les principaux facteurs à l'origine de ce renforcement de ces groupes terroristes, les soulèvements arabes qui ont fragilisé la sécurité dans plusieurs pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, créant ainsi des opportunités aux groupes d'Al Qaîda pour y assurer leur point d'appui», estime cet expert en affirmant «la lutte sectaire actuelle à travers le Moyen-Orient entre sunnites et Chiites a renforcé les groupes terroristes sunnites dont Al Qaîda». Sur ce point, des experts contactés par nos soins ne partagent pas car selon nos sources cette question de guerre entre sunnites et chiites ne se pose même pas au Moyen-Orient, faisant allusion à la crise sécuritaire en Syrie. Pour nos sources, ce pays fait face tout simplement à un terrorisme barbare dans le but de diviser le pays et le même plan est réservé en Egypte. Dans son intervention, le conférencier évoque «les réseaux inspirés qui n'ont pas de contact direct avec Al Qaîda central, mais qui sont inspirés par sa cause en citant l'exemple des frères Tsarnaev, auteurs des attentats de Boston d'avril dernier». Pour lui «l'un des plus importants champs de bataille de la lutte contre le terrorisme est l'Internet», il souligne à ce sujet que «l'essor de cet outil et des médias sociaux ont modifié fondamentalement les activités terroristes, relevant que les extrémistes n'utilisent quasiment plus les mosquées pour les activités de communication et de sensibilisation». A titre d'exemple, il cite «YouTube, Facebook, Twitter et les autres forums de discussion électronique sont de plus en plus utilisés par les groupes terroristes pour mener leur propagande, recruter de nouveaux partisans et chercher l'aide financière». L'exposé de cet expert était en fait pour conclure que «la lutte contre le mouvement d'Al Qaîda sera longue et se mesure en décennies et non pas en mois ou en quelques années». Dans le même ordre d'idées un autre intervenant, expert du Think Tank American Enterprise Institute, Frederick Kagan, expose une conception aussi pessimiste en attestant que «la lutte contre Al Qaîda va mal». Et d'ajouter les branches d'Al Qaîda d'Afrique du Nord et de l'Ouest, d'Irak, de Syrie et du Yémen ont considérablement élargi leurs zones d'activités ainsi que leurs capacités et elles semblent prêtes à poursuivre cette expansion». Il affirme que «de nouveaux groupes ayant des penchants pour Al Qaîda sans en être affiliés font leur apparition en Egypte alors que d'autres, tels que Boko Haram au Nigeria, semblent se rapprocher de cette organisation». Dans son exposé il n'écarte pas le fait que «les tendances actuelles indiquent une expansion spectaculaire et continue des affiliés d'Al Qaîda et qu'il est difficile de voir comment les politiques anti-terroristes menées par les Etats-Unis et d'autres pays pourraient contenir ou réduire cette extension». Pour lui «les Américains doivent sérieusement envisager la possibilité qu'ils sont en train de perdre la guerre contre Al Qaîda». Il estime que «Barack Obama a tort de faire la distinction entre les branches d'Al Qaîda qui affichent leur intention d'attaquer les Etats-Unis de celles qui ne le font pas». Pour ce conférencier «aucune certitude qu'Al Qaîda au Maghreb islamique ou Al Qaîda d'Irak ou Djabhat Nousra en Syrie ne vont pas décider d'attaquer le territoire américain». Pour lui «si ces groupes décideraient de le faire, ils réaliseraient leur éventuelle opération avec des moyens et des capacités beaucoup plus importants que ceux des autres groupes affiliés qui ont tenté d'attaquer les Etats-Unis». La question qui s'impose est: comment vont réagir les USA face à cette menace grandissante? Vont-ils intervenir comme en Afghanistan? Seulement là il ne s'agit pas que d'un pays mais plusieurs? Et si ce Congrès préparait déjà l'opinion internationale à d'éventuelles interventions militaires US sous prétexte de combattre le terrorisme en Syrie, en Egypte ou au Yémen?