Le président de AHD 54 a vécu de près, parfois dans sa chair, toutes les phases cruciales de l'Algérie indépendante. Cadres, militants et sympathisants de AHD 54 sont souriants aux anges. Même s'ils ont toujours su que leur parti a fait pas mal de chemin depuis le vote de 1999, comme se plaît à le répéter M.Rebaïne, le passage de l'écueil des 75.000 signatures reste quand même un exploit que beaucoup d'observateurs n'arrivent pas à expliquer préférant parler de «coup de pouce de la part du pouvoir dans le but de brouiller un peu les cartes». Or, ce regard torve, jeté à l'emporte-pièce, résiste mal aux réalités du terrain. Pour ceux qui connaissent Ali-Fewzi Rebaïne, ils savent que «c'est un homme issu d'une famille patriotique, qui a donné le meilleur d'elle-même au service de la liberté du pays». Demeuré fidèle à ses principes, il est fondateur de la fameuse Cnec, du temps de la chape de plomb et de la chasse aux «adversaires de la révolution». Ainsi, a-t-il été jugé et emprisonné à El-Berrouaghia pour une supposée atteinte à la sûreté de l'Etat. Rebaïne, loin de flancher, montrant un visage vieilli par la souffrance, garde un sourire engageant et résistant à toute épreuve. La parenthèse d'octobre 1988 lui permet de créer son parti, AHD 54. Un parti qui a fait grincer pas mal de dents en lançant régulièrement des pavés dans la mare en dénonçant les harkis tapis dans les rouages de l'Etat, en demandant réparation à la France et en étant un des premiers à demander des comptes à chacun dans la gestion des affaires de la cité. Ahd 54 a également eu des positions de principe très courageuses, et partant «ruineuses», concernant l'interruption du processus électoral et la crise politico-sécuritaire algérienne. Comme une cerise sur le gâteau, la politique volontariste de ce parti lui a toujours fait faire cavalier seul, ce qui lui vaut l'absence de partenaires, même au sein de la famille nationaliste traditionnelle, censée être représentée par le FLN et, dans une moindre mesure, le RND. Candidat deux fois aux élections présidentielles de 1995 et 1999, Rebaïne en a été exclu dans un anonymat quasi absolu. Normal, dès lors, que personne ne s'attendait à ce qu'il passe ce cap en 2004. Or, il a beaucoup progressé durant ce temps, profitant d'une courte mais solide «embellie médiatique» qui a aidé à le faire découvrir, mais aussi de ses nombreuses sorties sur le terrain, enchaînant les meetings et les rencontres avec les cadres et les militants. Doucement, mais sûrement, AHD 54 a fini par s'implanter au niveau de toutes les wilayas du pays et par réussir une véritable percée lors des élections locales en obtenant plus d'une centaine de sièges et en décrochant la présidence de plus d'une dizaine de communes. «C'est à la lumière de cette progression régulière, qui ne doit rien au hasard, mais seulement au sacrifice et à la détermination des militants, expliquent des cadres de ce parti, que AHD 54 a réussi ce véritable exploit qui fera sans doute date.» Très confiant en l'avenir, les militants et les cadres, avec Fewzi Rebaïne à leur tête, s'attellent à préparer le plan de campagne, à commander les dépliants et affiches, à préparer le programme électoral et à gagner de nouveaux militants et sympathisants grâce à une campagne qui promet de démarrer sur les chapeaux de roue.