L'accès au Sud, la proximité avec Alger, le massif boisé et le relief escarpé au nord de la wilaya, profitent aux groupes terroristes. La mise hors d'état de nuire de deux têtes pensantes de l'Aqmi à Bouira après l'arrestation, l'année dernière, du chargé de communication et des liaisons nord-sud de la sinistre organisation à Chorfa, wilaya de Bouira, permet aujourd'hui de dire que Bouira reste une zone stratégique pour la nébuleuse internationale et de ce qui demeure un amalgame des associations criminelles qu'étaient le GIA, AIS, MIA, le Gspc... La raison du choix est essentiellement de deux ordres. Le premier est lié à la topographie. Accidentés, difficiles d'accès, les reliefs de la région constituent une réelle protection pour les éléments d'Al Qaîda au Maghreb islamique. Le second est dû à la situation géographique de la wilaya de Bouira. Elle est située à une heure de la capitale, notamment avec l'inauguration du tronçon de l'autoroute Est-Ouest. En plus, Bouira donne directement accès à l'intérieur des Hauts-Plateaux et à quelques heures du Sud. En réalité, Bouira peut être considéré comme le réel centre de l'Algérie. Déjà, et dès les prémices de la violence qui allait coûter la vie à plus de 200.000 Algériens et Algériennes, c'est à Zbarbar, un mont sur les hauteurs de Lakhdaria qu'est né le GIA. Après la décision d'arrêter le processus électoral qui donnait le pouvoir à la mouvance intégriste, les mosquées de Lakhdaria, Bouira (oued Hous) sont vite devenues des podiums pour les leaders du FIS dissous, Ali Benhadj et Abassi Madani y sont passés plusieurs fois entre 1991 et 1993. Le massif boisé et le relief escarpé tout autour des villes et villages du nord de la wilaya profitent aux groupes terroristes. La proximité avec les forêts de Tizi Ouzou, de Boumerdès est favorable à ces phalanges qui commencent à se manifester rapidement en perpétrant des attentats partout. Des régions entières tombent sous l'emprise de ces bandes de criminels. C'est le cas de toute la région en amont de Kadiria, Ouled Yekhlef, ou au sud de Souk Khemis et les villages accrochés aux flancs des montagnes qui entourent Lakhdaria. Depuis le délogement des hommes de Droukdel des massifs de Sidi Ali Bounab où les forces militaires ont exercé un pressing et où les populations ont isolé les terroristes, le prétendu responsable de la nébuleuse internationale en Algérie a déplacé ses troupes plus au sud et plus précisément sur les frontières avec les wilayas de Bordj Bou Arréridj et M'sila. Le choix est dicté par la conjoncture et à la faveur des événements qui ont secoué la Libye, la Tunisie et l'Egypte. La découverte d'un hôpital souterrain, de plusieurs casemates bourrées de denrées alimentaires, de munitions...à Thamalahth confirme la thèse de ce redéploiement. La connexion avec les groupes actifs de Belmokhtar, l'émir autoproclamé du Sud est maintenant avérée. La découverte de sommes importantes en devises dans la voiture des quatre terroristes abattus à Dirah laisse ouverte la piste à plusieurs thèses. Pour les plus initiés, cet argent peut provenir des rapts, des attaques des postes, du racket des citoyens... et serait destiné à l'achat d'armes auprès des réseaux de Belaouer (le Borgne). La présence parmi les terroristes abattus du chargé des relations terroristes internationales égaye la version qui fait état d'une opération de réorganisation des unités de Droukdel avec la disponibilité des armes sur les frontières avec la Libye. L'échéance électorale de 2014 et la concentration sur l'événement profite à Aqmi qui tente de se positionner et de revenir à la surface, mais c'était sans compter sur la détermination de l'Armée algérienne. L'assaut contre Tiguentourine et le refus de négocier a donné plus de motivation et de force à la digne héritière de l'ALN. Dans sa lutte sans merci, l'ANP a neutralisé depuis le début du mois de Ramadhan au moins 11 terroristes dans la région de Sebkha et Chréa à une quarantaine de kilomètres au sud-est du chef-lieu de wilaya. Ce chiffre concerne les terroristes abattus dans les accrochages. L'intense bombardement et pilonnage de ces régions participent à l'éradication des groupes de Droukdel, estimés à une trentaine d'éléments qui se déplacent en groupes réduits. Dans cette guerre entre le bien et le mal, Bouira occupe le devant de la scène nationale comme au début des années 1990. Bouira a, tout au long de la tragédie nationale, occupé les premiers rangs. Ses citoyens ne veulent pas renouer avec cette situation.