Ambiance afro-gnawi-jazz «La Ilahaila Allah, la Ilaha Ilalah...» revient souvent dans le répertoire de notre soufi malien qui, entre humilité et générosité, a fait montre d'un concert d'une rare qualité. «Salam alakoum. On va faire un parcours complètement dingue!» le ton est donné. Les absents ont toujours tort. Ils y étaient doublement, mardi soir, à l'occasion de l'excellent concert donné par le maestro «guerrier» de la musique malienne Cheikh Tidiene Seck accompagné d'un grand chanteur de la saga Kouayté. L'Afrique à l'honneur, le cheikh était entouré de plusieurs musiciens du continent noir, on citera un du Burkina Faso au djembé et au balafon, un Algérien la basse, alias Momo Hafsi, un Camerounais à la batterie et un Malien à la guitare notamment. Dans un chapiteau loin, d'être bondé comme ce fut la veille avec le groupe Magic System, la bande de cheikh Tidiene Seck a réussi le pari de nous transmettre la fièvre de l'Afrique en rendant, en préambule, hommage à Mama Africa alias Myriam Makéba qui a séjourné notamment en Algérie dans les années 1960, fuyant l'apartheid de l'Afrique du Sud avec un visa algérien pour trouver refuge dans notre pays. Suivra un morceau appelé Maké «dédié aux ancêtres» dira le cheikh. Un morceau rehaussé du son du djembé, le piano et la voix perchée du chanteur. Quand le rythme s'accélère, c'est le tempo du djempé qui prend le relais, servi par un jeu de lumière scénique extraordinaire. Un effet technique qui insufflera encore plus de magie à ce concert des plus chaleureux. L'artiste interprétera par la suite Bamabara, «ceux qui ont refusé la domination» expliquera encore le maître du cambo. Le jazz n'est pas loin, tout comme les quelques élans d'improvisation, encore plus avec l'arrivée sur scène de Hakim Salhi et plus tard de Djamel Larroussi qui après un tour de chant et karkabou bien épicé, ce dernier prendra sa guitare pour un flow musical appréciable. Sur le morceau «cola» le djembé se déchaînera à fond, mettant le public et particulièrement quelques fidèles fans, en délire, sans oublier ce boeuf entre piano de cheikh Tidiene Seck et la guitare de Djamel Larrousi et puis le retour de Hakim Salhi qui s'essayera à nouveau au son du désert sur une intro des plus singulières de Dir tayla des Raïna Raï. Le finish de la soirée sera clos par un subtile morceau intitulé tout simplement love! Dans les coulisses du chapiteau du Hilton, pris en main par l'évènement Well Sound, l'ambiance bat son plein. Différents musiciens se rencontrent pour se congratuler et faire connaissance. Le grand cheikh Tidiene Seck est là pour se prêter avec sourire et attention aux questions des journalistes. Interrogé sur sa musique, l'hôte de l'Algérie qui s'est déjà produit par deux fois et notamment à l'occasion de la clôture du festival panafricain en 2009, a fait savoir qu'il s'inspire de l'état d'âme soufi dans ses compostions musicales. «On m'appelle au Mali cheikh Mamadou Tidiene Seck mais en réalité mon homonyme est d'origine algérienne. Il est mort et enterré à Fez. Il s'appelle cheikh Ahmed Tidjani. Donc à chaque fois que je viens en Algérie c'est avec beaucoup d'émotion, pensant à ce rapprochement.». Engagé par son art, l'artiste malien souligne avoir toujours gardé «cette flamme du panafricanisme». et de dire:«J y crois, en décembre je célèbre mes 60 ans et je pense que la jeune génération pourra réaliser cette union sacrée de tous les états d'Afrique. En fusionnant toutes nos forces nous pouvons être une vraie puissance.» cheikh Tidiene Seck confiera aussi que sa musique est la somme d'influence de tout ce qu'il a connu lors de ses voyages. «ma mère chantait avant. Ma musique vient aussi du soufisme et de mes collaborations diverses notamment avec Carlos Santana, Stevy Wender, Black Eyed Pease, Manu Dibango avec lequel je fête dix ans de travail commun. Je peux passer toute une nuit sans vous dire tout ce que j'ai pu faire comme collaboration. J'ai eu plusieurs vie en matière de musique». Evoquant la situation politique au Mali, l'artiste dira être contre la division du Mali, signalant que ces gens obscurantistes qui ont tenté de détruire les vestiges de Tombouctou ne sont pas des musulmans. «heureusement qu'ils sont une minorité parmi les touareg. La majorité des touareg ne pensent pas comme ça. Inquiet, il réfutera l'idée d'organiser actuellement des élections dans «ce temps de crise». Et de faire remarquer: «Nous obéissons à la France en faisant ces élections. On peut aller à Tombouctou, à Gao ensemble mais arrivé à Kidal c'est impossible, Que nous cache la France? (...) Je joue souvent avec les touareg qui minvitent. (...)Nous sommes un peuple indivisible. Moi je suis malien, touareg, malinké et bamana.. Je suis pour le Mali unis»