La seconde édition de cet événement musical a pris fin vendredi dernier avec un florilège de musiques jazz. En cette nuit où le froid étendait ses tentacules, la chaleur prenait racine au fur et à mesure que le temps passait à la salle Ibn Zeydoun. C'est d'abord Pascal Schaer Trio qui entamera cette soirée aux couleurs de la Suisse. Pascal Schaer se définit comme un musicien passionné, épris de liberté (musicale), sans préjugés et recherchant exclusivement la créativité et les expériences musicales fortes. Se voulant ouvert et sans a priori, abolissant les frontières musicales, Pascal Schaer s'est présenté devant nous comme un homme tolérant avant tout, dénonça cette loi interdisant les minarets en Suisse, laquelle a fait «jazzer» sous les chaumières outre- mer. Il l'a qualifia d'emblée, de «campagne absurde». Et de dire: «Il y a 10.000 églises en Suisse contre 5 minarets. On peut toujours en rajouter quelques-uns, non?» Puis, place à la musique. Le groupe est composé ainsi de Pascal Schaer au trombone et au cor des Alpes, de Baba Konaté du Burkina Faso au djembé et Christian Guggenbuehl à la guitare. Dans une courte et sympathique leçon didactique, Pascal présente son instrument musical fétiche, le cor des Alpes, qui sert paraît-il à calmer les esprits des animaux et apaiser les âmes. La soirée est une succession de sonorités qui frôlent parfois la cacophonie. Le groupe nous invite à apprécier un morceau inspiré des images balayées que l'on regarde en descendant un grand fleuve, fait de sirènes de bateaux et autres. Après ce semblant de brouhaha heureusement que l'accalmie est là pour panser les blessures avec douceur. Et Pascal de reprendre son «minaret personnel» dit -il avec humour pour jouer Technocore, aussi, Caporne, encore une histoire de bateau...«La prochaine fois que je viendrai en Algérie, je prendrai le bateau», s'est exclamé, un peu déjanté, le musicien.. Il détache une partie de son cor des Alpes pour jouer avec et entonne également des sons mélodieux en provenance d'un gros coquillage en faisant montre d'une belle prouesse artistique qui se mêlait avec finesse à l'ensemble du groupe dans un beau métissage culturel que permet la musique. Et de finir par un morceau qui rappelle cet autre courant du jazz, le bepop. Le public applaudit chaleureusement. Adnane, le directeur artistique du festival fait son apparition pour annoncer la seconde partie du concert, «un plat à consommer sans modération qui ne risque pas de refroidir». En effet, le Raaga Trio nous plongera immédiatement dans une bienveillante ambiance, aux couleurs de l'Afrique. «Cela fait un an et demi qu'on rêve de se produire en Algérie. Nous avons rencontré Adnane en mai 2008 lors du Jazz festival à Ouaga. Nous sommes un trio, mais nous avons enfin trouvé le musicien qui manquait. Il s'agit de Guillaume à l'harmonica!» déclare le guitariste Andreas Fulgosi. Il est accompagné aussi du percussionniste Baba Konaté au djembé et Andra Kouyaté, à la voix douce, au djeli ngoni et ngoni basse. Le groupe interprète Dou qui veut dire famille en bambara. La musique de Reaga Trio est un savant mélange de jazz et de musique mandingue, en l'occurrence la musique traditionnelle ouest-africaine. Une musique aérienne qui vous transporte sur des îles lointaines, rehaussée par la voie sereine d'Andréas Kouayté qui vous berce immanquablement. D'ailleurs, beaucoup fermaient les yeux quand cet artiste entonnait ses belles chansons mélancoliques, ponctuées par l'excellente rythmique du percussionniste Baba Konaté. Dans un ultime voyage sensoriel, le Raaga Trio rendra hommage au regretté malien Ali Farca Touré dans le morceau Blues pour Ali. Et de poursuivre avec Banconi, un titre écrit par Andréas qui tire son nom d'un des quartiers de Bamako. Et c'est la surprise! l'Algérien Fayçal Salhi et son oud sont invités à se joindre au groupe. Excellent duo et sublime performance née de la magie des cordes, déclinée sur une même note d'un accord majeur! Ainsi se termina le «Alger jazz meeting, 2009» non sans rappeler par Adnane les noms des personnes qui ont veillé à la bonne réussite de cet événement musical en assurant le bon suivi technique, notamment de ces différents concerts qui ont vu se déployer pour une fois un très bon son et suscité un fort engouement et la venue d'un large public assoiffé de musiques du monde et de jazz.