La situation est particulièrement chaotique en province «où des éléments du Séléka continuent de rançonner la population» et de «semer le chaos sans que leur hiérarchie n'intervienne». Près de cinq mois après la prise du pouvoir à Bangui par les rebelles du Séléka, la Centrafrique s'enfonce dans la peur et la crise humanitaire, amenant le Conseil de sécurité de l'ONU à examiner hier d'éventuelles sanctions contre des membres de l'ex-rébellion. Un rapport qui doit être discuté par le Conseil de sécurité dénonce «un nombre croissant d'exactions et d'incidents attribués à des éléments incontrôlés du Séléka»: pillages, cambriolages, agressions sexuelles, «meurtres ciblés» et enrôlement d'enfants soldats. La situation est particulièrement chaotique en province «où des éléments du Séléka continuent de rançonner la population» et de «semer le chaos sans que leur hiérarchie n'intervienne». Le rapport fustige également «l'impunité dont bénéficient largement les responsables de violences», ce qui a conduit le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à demander au Conseil d' «envisager les options appropriées, y compris l'adoption de sanctions ou la mise en place d'un comité d'experts, afin de garantir» qu'il n'y ait plus d'impunité. D'autant que l'insécurité généralisée se double d'une crise humanitaire et sanitaire. Les violences ont déplacé 206.000 personnes dans le pays même et fait fuir 60.000 dans les pays voisins, sur une population totale de 4,6 millions d'habitants. Depuis le renversement du président François Bozizé fin mars, institutions et ONG dénoncent une «crise oubliée» et ne cessent de pointer le risque d'une catastrophe humanitaire. «Des familles entières commencent à manquer de nourriture et nombre d'entre elles sont encore cachées dans la brousse, par peur de rentrer chez elles», affirme dans un communiqué la directrice de Save the Children en Centrafrique, Maria Wangechi. «Plus de la moitié de la population n'a pas accès aux services de santé (...) ceci est dû au pillage, au déplacement du personnel de santé, le non-paiement de salaires, la rupture de chaîne d'alimentation en médicaments», a pour sa part commenté mardi le porte-parole de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tarik Jasarevic. Le nouveau pouvoir promet pourtant régulièrement de rétablir l'ordre et de cantonner les hommes en armes. Mardi encore, le président de transition, Michel Djotodia - qui doit prêter serment dimanche - s'est engagé à lutter contre la prolifération des armes à l'occasion du 53e anniversaire de l'indépendance.Un stock d'armes a même été incinéré sur une place de Bangui pour marquer cette volonté. Mais à Bangui comme en province, les témoignages d'habitants traumatisés continuent d'affluer.