Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) a suspendu lundi la participation de la Centrafrique à l'organisation panafricaine et imposé des sanctions à sept responsables de la Séléka, coalition rebelle qui a pris dimanche Bangui et renversé le président François Bozizé qui se trouve actuellement au Cameroun. Condamnant fermement les récents développements à Bangui et le renversement du président Bozizé, l'organisation panafricaine a décidé de suspendre la participation de la République centrafricaine à toutes les activités de l'UA et imposé des sanctions à sept responsables de la rébellion du Séléka. Lisant un communiqué final du Conseil de l'UA, le Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'organisation panafricaine, M. Ramtane Lamamra, a déclaré : "Le Conseil décide de suspendre immédiatement la participation de la RCA (République centrafricaine) à toutes les activités de l'Union africaine ainsi que d'imposer des sanctions, à savoir des restrictions de voyage et le gel des avoirs des dirigeants de la Séléka", dont son chef Michel Djotodia. Se disant profondément préoccupée par les derniers développements à Bangui, tombée dimanche aux mains des rebelles du Séléka, la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a pour sa part réitéré dans un communiqué "la ferme condamnation de l'organisation panafricaine de la reprise injustifiée des hostilités par le Séléka". La décision des dirigeants du Séléka de recourir à nouveau à la force "constitue un sérieux défi à l'autorité individuelle et collective des chefs d'Etat de la région, qui se sont activement investis dans la recherche d'une solution politique,... et éloigne encore davantage les perspectives de retour à la paix en RCA", précise le texte. Mme Dlamini-Zuma a souligné que cette prise de pouvoir par la force "constitue une violation caractérisée de l'Acte constitutif de l'UA, de la Déclaration de Lomé sur les changements anticonstitutionnels de Gouvernement et de la Charte africaine de la Démocratie, des élections et de la Gouvernance, ainsi que des décisions de l'UA sur le rejet absolu du recours à la rébellion armée pour faire valoir des revendications politiques". Bozizé au Cameroun Le sort du président renversé Bozizé restait incertain depuis l'assaut des rebelles contre le palais présidentiel à Bangui, des sources concordantes ayant indiqué qu'il s'était rendu en République Démocratique du Congo (RDC), ce que Kinshasa a immédiatement démenti. Lundi, le Cameroun a annoncé la présence du président Bozizé sur son territoire, en affirmant l'avoir accueilli selon la base des principes des droits de l'Homme et réfutant toute ingérence dans les affaires intérieures de son pays voisin. M. Bozizé s'était rendu au Cameroun dimanche en fin d'après midi, accompagné de ses deux fils et de son aide de camp, a confirmé le ministre camerounais de la Défense, M. Edgard Alain Mebe Ngo'o. La famille du président centrafricain se trouve quant à elle en République démocratique du Congo (RDC), où elle est arrivée dimanche soir après avoir traversé le fleuve Oubangui pour rejoindre Zongo, une province de l'Equateur en RDC", avait déclaré le porte-parole congolais, Lambert Mende. Le chef des rebelles s'autoproclame "président" du Centrafrique Le chef de la coalition rebelle centrafricaine "Séléka", Michel Djotodia, qui s'est, selon les médias, autoproclamé dimanche "président" de la Centrafrique après avoir renversé le président François Bozizé. Le leader de la rébellion a affirmé qu'il respecterait les accords de paix de Libreville signés en janvier dernier, révélant qu'il gardera à son poste l'actuel Premier ministre du gouvernement d'union nationale Nicolas Tiangaye, figure de l'opposition à Bozizé, et qu'il organisera des élections "libres et transparentes d'ici trois ans". L'accord de Libreville signé le 11 janvier par la clan Bozizé, l'opposition et la rébellion, prévoyait notamment la formation d'un gouvernement d'union nationale dirigé par l'opposition (finalement M. Tiangaye) et l'engagement à organiser des élections libres et transparentes dans les trois ans. D'après ces accords, ce gouvernement ne pouvait pas être révoqué par le président Bozizé et l'Assemblée nationale, issue des élections remportées par Bozizé et composée d'une immense majorité de ses partisans, n'avait pas la possibilité de retoucher les lois proposées par le gouvernement. Mais arguant du non respect des accords par le clan Bozizé, les rebelles ont déclenché à nouveau les hostilités vendredi et déclaré vouloir mettre en place un "gouvernement de transition". Quant à l'Afrique du Sud, elle a déploré la mort d'au moins 13 de ses militaires dans des combats en Centrafrique."Nos soldats ont payé le prix ultime au service de leur pays, l'Afrique. Nous leur rendons honneur", a déclaré lundi le président Jacob Zuma, ajoutant que ces hommes déployés en soutien au président Bozizé avaient combattu des "bandits".