Abdelaziz Bouteflika n'a eu de cesse de crier, tout haut, sa conviction en la transparence de la prochaine élection présidentielle. Soucieux sans nul doute de l'aura que requiert le rendez-vous électoral sur le plan international, après notamment l'appel des grandes puissances, et à leur tête les Etats-Unis à la démocratisation imminente des régimes arabes, le premier magistrat du pays, en fin calculateur, use de la sienne en donnant, à cet effet, des gages de bonne volonté: amendement de la loi électorale comme souhaité par nombre de formations politiques, suppression des bureaux spéciaux, installation de la commission de surveillance de l'élection avec pour seuls membres, les représentants des partis, appel à l'envoi d'observateurs internationaux... A la lumière de ces éléments, l'on peut, à première lecture, croire en la volonté des pouvoirs publics de faire du scrutin présidentiel, un rendez-vous pour la transparence et la démocratie, mais seulement voilà que la réalité nationale, donne, quant à elle, d'autres indices, qui ne s'inscrivent pas forcément, dans les desseins présidentiels. Et pour cause: la décision de l'ancien Chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche de se retirer avant même l'entame de la collecte des signatures, a fait tilt dans l'esprit de ceux qui doutaient déjà de la crédibilité du scrutin. Dans un point de presse organisé à la suite de son retrait, l'ex-candidat à la présidentielle de 1999, a justifié son attitude de la manière la plus solennelle: «Les jeux sont faits». La crainte de voir la prochaine consultation populaire se transformer en un plébiscite, pur et simple en faveur de Bouteflika, a, à titre de rappel, donné corps à une structure ayant pour principale vocation de dénoncer la fraude électorale. Forte de sa composante politique Mouloud Hamorouche, Taleb El Ibrahimi, Ali Benflis, pour ne citer que ceux-là, ladite structure appelée communément, le groupe des dix, n'a cessé de dénoncer les agissements et la mainmise du président en exercice sur les institutions de la République, transformées, affirment-ils, en comités de soutien. Sur un registre plus juridique, la décision du Conseil constitutionnel de mettre hors course les candidatures de Taleb, de Sid Ahmed Ghozali, pour cause de leur incapacité à récolter les fameuses 75.000 signatures, et le scandale qui s'en est suivi au sujet des bulletins de signatures subtilisés illégalement au président de Wafa, viennent conforter la thèse selon laquelle les dés sont à coup sûr pipés. Aussi, le refus du secrétaire des Nations unies, M.Kofi Annan, d'envoyer des observateurs pour superviser le déroulement du scrutin, bien que justifié par «le délai insuffisant», n'est pas tout à fait étranger à cette évolution qui ne sera pas sous conséquence, au-delà de l'échéance présidentielle. Enfin, le moins que l'on puisse dire à ce propos est plus la transparence de l'élection présidentielle est contestée, plus la chance de voir l'Algérie sortir de la crise est compromise, à moins que...