Washington, en plein rapprochement avec Alger, considère désormais notre pays comme un «modèle à suivre». Décidément, les Américains, devenus les seuls et véritables «gendarmes du monde», ont «à la bonne» notre pays. Celui-ci, qui n'a eu de cesse de répéter ne pas être concerné du tout par le GMO, ne semblait pas si bien dire. C'est, en effet, le département d'Etat américain lui-même qui vient de confirmer une pareille vision. Pour ce qui concerne le terrorisme, les auteurs du rapport ont indiqué que «les groupes terroristes ont commis de nombreux et de sérieux abus», ce qui constitue en soi un désaveu et une condamnation alors que les réseaux de soutien au terrorisme en Algérie ont longtemps été protégés et abrités par les autorités US. Le département d'Etat ajoute, en outre, que «le succès des opérations engagées par les forces de sécurité a contribué à éliminer les cellules terroristes et les chefs terroristes, à affaiblir les groupes terroristes et à réduire considérablement le nombre des victimes durant l'année (2004)». Même le dossier des disparus, dont le tabou a été courageusement levé par le président Bouteflika, avec la mise en place d'une commission ad hoc directement dépendante de la présidence de la République, a été abordé dans ce rapport très satisfaisant pour l'Algérie. Le département d'Etat précise, à ce propos, que «le gouvernement a établi le mécanisme ad hoc des disparus tout en acceptant la responsabilité pour les actions interdites commises par les forces de sécurité, et le versement des indemnités aux familles des disparus». En outre, le département d'Etat affirme qu'au cours de l'année 2004, aucune disparition pour des raisons politiques n'a été signalée. A ce sujet, il souligne que le président Bouteflika avait annoncé en décembre dernier, lors de la journée des droits de l'homme, que le mécanisme ad hoc des disparitions présentera des recommandations en mars 2005. Abordant le secteur de la presse, enfin, le département d'Etat écrit que le paysage médiatique algérien est composé de près de 43 publications «qui soutiennent ou s'opposent au gouvernement à des degrés divers», ce qui traduit de facto une liberté et un pluralisme médiatique certain, même si cela n'existe pas encore au niveau des médias lourds. Le rapport américain, qui enchaîne sur les activités partisanes, signale que «plusieurs partis politiques, dont les partis islamiques légaux, ont accès à la presse indépendante où ils expriment leurs points de vue sans ingérence du gouvernement». De fait, dans son document rendu public ce lundi soir, où il aborde les différents aspects des droits de l'homme en Algérie, le département d'Etat affirme que malgré des «insuffisances qui persistent, des progrès considérables ont été réalisés dans certains domaines». Le rapport admet très volontiers que «l'Algérie est une République multipartiste» où «les élections démocratiques (les présidentielles du 8 avril 2004) se sont traduites par la réélection du président Abdelaziz Bouteflika parmi cinq autres candidats tandis que l'Armée est restée neutre». Il s'agit, en somme, d'une officielle reconnaissance des progrès démocratiques réalisés par notre pays de la part du seul pays dont l'avis compte véritablement sur l'échiquier planétaire, ce qui n'est pas peu dire. Dans cet ordre d'idées, le rapport en question ne laisse pas de souligner que «les élections présidentielles d'avril 2004 ont été marquées par un progrès allant dans le sens de la liberté et de la transparence du processus électoral». Outre le ton relativement libre dans lequel s'est déroulée la campagne, puis le scrutin en lui-même, la neutralité effective de l'institution militaire a traduit un tournant décisif dans le cheminement politique et démocratique de notre pays. Sur un autre registre, le rapport en question note que «les actions prises par le gouvernement algérien ont renforcé les droits de l'homme à la vie et à la sécurité». Nul doute qu'il est ici question du programme global du président Bouteflika relatif au rétablissement de la paix et à la lutte contre le terrorisme. Notre pays est devenu une véritable référence dans ce domaine, puisque le rapprochement entre Alger et Washington n'a jamais été aussi grand que depuis les attentats du 11 septembre 2001, et les multiples sollicitations des services de sécurité américains en direction des nôtres. Ajouter à cela la vaste entreprise de «lobbying» entamée par les dirigeants les plus en vue du Cnag (Comité national pour l'amnistie générale), dont Ahmed Ben Bella et Abdelmalek Serraï, en vue d'expliquer la dernière étape du président Bouteflika afin que la paix civile dans le pays soit définitivement et effectivement restaurée dans tout le pays. De l'avis de ces deux responsables, «tous les hauts dirigeants américains, tant politiques que militaires, ne sont pas demeurés insensibles à ces argumentaires, puisqu'ils sont allés jusqu'à qualifier Bouteflika de Prince of peace». Décrivant davantage les mesures engagées par l'Algérie dans les différents aspects des droits de l'homme, le rapport américain enchaîne pour dire que «le gouvernement algérien a supervisé des élections libres et honnêtes, selon les observateurs internationaux dont les représentants de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce)». Pour ce qui est du traitement de la crise de Kabylie, le département d'Etat estime que «le gouvernement algérien a également négocié de bonne foi avec les archs dans le cadre du plan national de réconciliation».