Des milliers de Kurdes syriens affluent dans la région autonome du Kurdistan irakien en quête d'un peu de répit, loin des privations et des combats contre les jihadistes. Ces réfugiés, en majorité des femmes, des enfants et des hommes âgés, sont accueillis dans un camp encore en construction près d'Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. Le camp manque de tout ou presque, mais il offre un répit bienvenu à ceux qui fuient les violences. Dimanche, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés a annoncé que 15.000 personnes avaient traversé la frontière depuis jeudi, «un exode sans précédent ». « Il y a la guerre, les pillages... », raconte Abdulkarim Brendar, qui est arrivé à pied avec ses cinq enfants. « Nous ne trouvions plus rien à manger, alors nous sommes venus ici ». Beaucoup des nouveaux arrivés au camp ont un parcours similaire. « Il y a la guerre, les décapitations, les meurtres et en plus il n'y a pas de travail », explique Fadhel Abdullah, venu du nord-est de la Syrie. « La situation économique s'est détériorée, tout est devenu cher ». « Il n'y avait presque plus de nourriture sur le marché, tout devenait cher, depuis le pain jusqu'aux bonbonnes de gaz, et le chômage explose », explique Ahmed, dont la femme tient leur bébé de trois semaines dans les bras. « Nous avons décider de partir avant de mourir de faim », ajoute-t-il. Ces familles ont été prises au piège des combats qui font rage entre les Kurdes syriens et des jihadistes du Front al-Nosra, en particulier depuis que des milices kurdes ont chassé des jihadistes de la ville de Ras al-Aïn, à la frontière turque. La communauté kurde, qui représente environ 10% de la population syrienne, a pourtant cherché à se maintenir à l'écart du conflit qui a déjà fait depuis mars 2011, selon l'ONU, plus de 100.000 morts et près de 2 millions de réfugiés, accueillis pour la plupart au Liban, en Jordanie et en Turquie. Selon les Nations unies, avant jeudi, l'Irak accueillait de son côté déjà plus de 154.000 réfugiés syriens, en grande majorité kurdes. Les tensions qui traversent le Kurdistan irakien et la crainte de voir le conflit syrien déborder de l'autre côté de la frontière ont poussé les autorités kurdes irakiennes à fermer la frontière en mai, même si le président de la région autonome, Massoud Barzani, a menacé d'intervenir pour soutenir les Kurdes syriens. Une partie des restrictions ont été levées en juillet, pour laisser passer en particulier les Syriens ayant des proches déjà installés en Irak. « La région du Kurdistan a accueilli un grand nombre de réfugiés », a insisté un responsable des Affaires étrangères de la région, Dindar Zebari, en assurant que 20 millions de dollars supplémentaires avaient été débloqués pour les réfugiés et en plaidant pour davantage d'aide de Bagdad et de l'ONU. Pour l'heure, des équipes médicales s'occupent d'examiner les arrivants, et une dizaine de réfugiés ont été envoyés à l'hôpital pour des diarrhées et des vomissements dus à la chaleur. Les autorités kurdes d'Irak ont prévu de transférer une partie des réfugiés d'Erbil vers la province de Soulaimaniyeh. Mais compte tenu de la situation en Syrie, qui ne montre aucun signe d'accalmie, de nouveaux réfugiés risquent de les remplacer bientôt.