Le dirigeant de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a menacé, hier, d'intervenir dans le conflit syrien pour protéger la vie des Kurdes de Syrie qui se préparent à l'autonomie. Des combats opposent dans le nord syrien des groupes jihadistes de « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL) et du Front Al-Nosra aux forces d'autodéfense kurdes qui tentent de forger leur propre autonomie dans les zones sous leur contrôle. Fin juillet, des groupes jihadistes liés au réseau al-Qaïda ont pris en otages environ 200 civils kurdes, après des combats avec des combattants kurdes des Unités de défense du peuple (YPG), la branche armée du parti de l'Union démocratique, proche du PKK turc. Les otages ont été emmenés dans le village de Raqa sous contrôle des jihadistes, lançant un assaut contre le siège du bataillon kurde de Tall Hassel et deux autres villages qui a coûté la vie, jusqu'au mercredi 31 juillet, à « 16 Kurdes dont 11 combattants » et 10 jihadistes. Ce nouvel épisode pose la problématique de la représentation kurde dans la nouvelle configuration régionale. Les Kurdes syriens, qui constituent 15% de la population syrienne, occupent un territoire qui renferme près de 60% du pétrole de Djezira, à l'est, et de Deir El Zor, proche de la frontière irakienne. Face à cette situation, Barzani a appelé, dans un communiqué, les partis du Kurdistan irakien à rétablir la véracité des faits. « Si de telles informations étaient avérées et que des citoyens kurdes innocents, des femmes et des enfants, étaient menacés de mort et de terrorisme, la région du Kurdistan irakien mettra en œuvre toutes ses capacités pour défendre les innocents », a-t-il affirmé. Il a annoncé, le mois dernier, que sa région autonome se préparait à accueillir en août une conférence réunissant des partis kurdes d'Irak, de Syrie, d'Iran et de Turquie pour discuter de l'avenir de la région. 60% du pétrole sous contrôle kurde Le processus d'autonomie à l'irakienne est-il en préparation ? Le scénario inquiète Ankara qui suit attentivement la progression, à ses frontières, des alliés kurdes du PKK. Elle redoute la création d'une région autonome kurde qui ferait la jonction avec la zone autonome irakienne et, à terme, remettra en cause le fragile accord de cessez-le-feu conclu entre la Turquie et le PKK, prévoyant le transfert des combattants du PKK au Kurdistan irakien. Mais il est fort possible qu'une partie soit aujourd'hui en train de se battre en Syrie, sous la bannière du PYD syrien, considéré par Ankara comme « une organisation séparatiste terroriste ».