Scène du film documentaire La langue de Zahra Cette manifestation tunisienne aura lieu du 6 au 11 septembre 2013 et non du 17 au 22 août comme c'était initialement prévu et ce, en raison de «l'actualité douloureuse qu'a connue notre pays», rapportent ses chevronnés organisateurs. Après le festival musical de Carthage, une autre manifestation tunisienne a décidé par acte de résistance de ne pas annuler, mais de maintenir ses activités. Il s'agit des Rencontres cinématographiques de Hergla dans leur neuvième édition qui aura donc lieu du 6 au 11 septembre 2013 et non du 17 au 22 août comme c'était initialement prévu. «Ce changement de date a été imposé par l'actualité douloureuse qu'a connue notre pays» expliquent les organisateurs sur leur site. Cette manifestation organisée par l'Association culturelle Afrique-Méditerranée depuis 2005 continue de mettre en valeur la création cinématographique africaine et méditerranéenne, «avec une programmation qui apportera à travers les regards de plusieurs réalisateurs africains et méditerranéens un nouvel éclairage sur un Sud en pleine mutation...». Comme à l'accoutumée, les Rencontres auront lieu à Hergla, petite ville balnéaire du Sahel tunisien où les projections en plein air se dérouleront cette année en présence de nombreux invités venus d'horizons différents. Sur les 325 réalisateurs qui ont inscrit leurs oeuvres, 38 ont été choisies par le comité de sélection dont 11 longs métrages documentaires et 27 courts métrages. Le choix s'est axé, a-t-on signalé, sur des critères de qualité et d'originalité du propos. Les pays participants sont: Palestine, Mali, Egypte, Soudan, Liban, France, République démocratique du Congo, Italie, Sénégal, Algérie, Portugal, Espagne, Belgique, Turquie, Maroc et Tunisie. Les documentaires La langue de Zahra de Fatima Sissani et Bouts de vies, bouts de rêves de Hamid Benamra participeront aux 9es Rencontres cinématographiques de Hergla. La langue de Zahra (2011) sera projeté dans le cadre de la compétition officielle qui regroupe 36 autres films représentant une vingtaine de pays d'Afrique et du Bassin méditerranéen. La langue de Zahra, Grand Prix 2011 du Festival international Isni Ourgh du film amazigh au Maroc et Olivier d'Or et Meilleur documentaire du Festival national du film amazigh en 2012, tente de restituer, en 93 mn, la richesse du patrimoine poétique oral amazigh, transmis par une vieille femme immigrée. Pour sa part, Bouts de vies, bouts de rêves qui a participé notamment l'an dernier aux JCC et au Fespaco en 2013, sera projeté hors compétition dans une nouvelle session intitulée «projections spéciales». Bouts de vies, Bouts de rêves reconstitue, à travers les collages de son compatriote le peintre Mustapha Boutadjine, les portraits de personnalités qui ont lutté pour l'émancipation des pays du Sud. Le réalisateur algérien pour le coup sera accompagné cette fois de Mustapha Boutadjine qui, on l'espère pour lui, saura bien défendre l'oeuvre lors du débat quand, faut-il l'avouer, ceci est loin de constituer le point fort du réalisateur... Autres oeuvres qui seront proposées dans ce panel «spécial», on citera le travail du couple franco-sénégalais William Mbaye et Laurence Attali, avec Président Dia, Tanit d'Or des Journées cinématographiques de Carthage 2012 et Mère-Bi de Mbaye ainsi que La Trilogie des Amours d'Attali. Ces derniers animeront également un atelier de documentaires au profit de jeunes cinéastes autour du thème de la sauvegarde de la mémoire. Aussi, le public pourra apprécier Borom Sarret, le premier film du pionnier du cinéma africain, le Sénégalais Ousmane Sembène. Ce court métrage de 1963 sera projeté à l'occasion du 50e anniversaire de sa production dans sa version récemment restaurée par la World Cinema Foundation à la Cinémathèque de Bologne et présenté à la sélection officielle Cannes Classics au Festival de Cannes 2013. Autre film d'un cinéaste qui n'est plus à présenter est l'excellent documentaire My Land du Marocain Nabil Ayouch qui met de jeunes Israéliens face au sort de réfugiés palestiniens qui vivent au Liban depuis 60 ans, privés du droit de retourner à leur terre. Un film neutre et plein d'objectivité, qui donne la parole aux deux camps avec une vérité cuisante et désarmante! Un choix assumé pour ce réalisateur qui, faut- il le rappeler, est issu d'une mère juive française d'origine tunisienne et d'un père musulman. Sans parti pris, ce documentaire a le mérite de donner libre cours aux avis des uns et des autres et de plaider au final, à travers un des témoignages des plus bouleversants venant d'une juive à la tolérance et au vivre-ensemble. «A travers une programmation axée sur les courts métrages et les documentaires, cette manifestation tend à rompre avec l'esprit commercial de l'industrie cinématographique afin d'aller dénicher dans les quatre coins de l'Afrique et de la Méditerranée les projets et expériences cinématographiques les plus vraies et les plus originales. Les Rencontres cinématographiques de Hergla défendent un cinéma sincère, engagé et indépendant tel que le prônait feu Tahar Cheriaâ, fondateur des Journées cinématographiques de Carthage et président d'honneur de notre association depuis sa création.». Une manifestation à soutenir donc et à encourager vivement!