Très, très bon signe! Hier ce n'était plus le marché des fruits et légumes à la Une de l'actualité. Tenez-vous bien, c'était le marché de l'or. Oui, oui, vous avez bien lu, le marché de l'or. Oublier la pomme de terre, l'oignon et les pois chiche, place au «Doubloune» pièce très prisée par nos grands-mères (la fameuse pièce en or «Napoléon»). Tout est partie d'une conférence de presse organisée la veille par l'Ugca (Union des commerçants et artisans algériens) sur le thème «le marché de l'or en Algérie». La raison? Celle-ci serait liée à la décision gouvernementale, le 15 août dernier, de mettre fin à la réduction des taxes douanières à l'importation de l'or de la Zone arabe de libre-échange (Zale). Les organisateurs ont donc tenu à tirer la sonnette d'alarme sur une prochaine hausse du prix de l'or suite à cette décision. Ils en ont profité pour dénoncer la faible imposition des produits en or finis importés par rapport à celle de l'or brut qui est la matière première des artisans. Du coup, nous apprenons que 30.000 opérateurs activent dans ce secteur en Algérie. Légèrement plus qu'un bijoutier pour 1000 algériens. De plus et à cela il faut ajouter la part de l'informel qui est «de 50%» selon le porte-parole de l'Ugca, El Hadj Tahar Boulenouar. Incontestablement, le marché de l'or se porte à merveille dans notre pays. Toute cette offre reflète une très forte demande. Ce qui donne, à défaut de statistiques disponibles, une idée sur le niveau atteint par le pouvoir d'achat des Algériens. Et si on collationne ces chiffres avec l'explosion des ventes de voitures neuves, on a du mal à dénicher les Algériens «saignés» par le marché de gros d'Attatba. Que l'Ugca se rassure, l'augmentation des taxes douanières ne sera d'aucune incidence sur la prospérité du marché de l'or. Ajoutons dans la foulée qu'il est étonnant que les intervenants n'aient pas abordé les différences que peut revêtir l'or mis sur le marché. On veut parler des carats. L'échelle va de un à 24 carats. Il va de soi que les prix diffèrent en fonction des carats. Les bijoux en circulation chez nous devraient se situer, dans le meilleur des cas, entre 14 et 18 carats. Or et s'agissant de l'informel dénoncé par l'Ugca qui précise que «60% de l'or qui passe par l'informel est contrefait». Donc en dessous du seuil des 14 carats. C'est ce contrôle qui devrait être réhabilité pour protéger les ménages. Ce sont les seules victimes car les bijoutiers possèdent les acides de titrage qui déterminent, en un clin d'oeil, les carats. Il faut tout de même relever un aspect positif de la conférence de presse. Notre système de formation professionnelle délaisse cette filière. Le président de la Commission nationale des bijoutiers, Amar Behtat, a raison de demander au gouvernement de «promouvoir la formation des artisans bijoutiers» si on ne veut pas les voir disparaître à terme. Enfin et alors que M.Behtat révèle que le prix de l'or chez nous «oscille aujourd'hui entre 4500 et 6000 dinars le gramme, selon qu'il soit produit localement ou à l'étranger», nous avons constaté que le cours des prix pratiqués outre Méditerranée étaient hier à 19,18 euros le gramme pour le local et 15,21 euros le gramme pour celui provenant de l'étranger. Nous sommes déjà nettement plus chers alors que ce même responsable prévoit une hausse jusqu'à 8000 dinars le gramme à cause de la réduction des taxes en question. On comprend mieux, tant il est juteux, pourquoi tant d'opérateurs se «jettent» sur le créneau. Ceci dit, nous retiendrons que si le marché de l'or prospère chez nous, c'est un bon signe de santé économique. Qu'il tienne la Une de l'actualité, c'est plus qu'un bon signe, c'est un très bon signe. Même si nous nous sommes égarés de l'essentiel. Du prix de l'oignon, de la courgette,... C'était juste un petit détour du côté de l'accessoire qui en dit long...!