Benachour Med Le marché de l'or explose. Le prix du gramme non façonné (en casse) a atteint hier 1.850 dinars, dans les marchés oranais. Il a augmenté de plus de 25% depuis le début de l'année, rattrapant les prix de l'année 2008 à la même période. Du côté de l'UGCAA, on explique cette envolée des prix de l'or ouvragé par une demande de plus en plus accrue, une hausse qui n'est point due au cours mondial de l'or dont le prix de l'once est resté stable autour de 1.000 dollars. Ceci est vrai aussi du fait que le marché algérien n'est pas tributaire de l'importation. Chez les bijoutiers de M'dina J'dida et du centre ville, le prix de l'or ouvragé varie entre 2.600 et 3.500 dinars le gramme. Chez l'AGENOR, le lingot d'un kilo d'or en 24 carats est cédé autour de 2.700 dinars le gramme, avec de légères fluctuations. Les bijoutiers enregistrent leurs plus importants chiffres d'affaires durant les mois d'été, réputés être la période où on convole le plus. Côté des bijoutiers, on impute cette envolée des prix à la rareté des produits essentiels au raffinage et au traitement de l'or (acide nitrique, caladium, cyanure), la hausse des prix des équipements et outils d'orfèvrerie… Sur cette question des équipements qui sont devenus «inaccessibles» pour les artisans notamment après la disparition des entreprises publiques de distribution qui proposaient un matériel complet à 400.000 dinars, un bijoutier affirme qu‘un laminoir coûte désormais plus d'un million de dinars. Quant aux produits de traitement, ils sont devenus de plus en plus rares. C'est le cas de l'acide nitrique, si essentielle pour le raffinage de l'or provenant d'anciens bijoux cassées pour lui ôter tous les alliages afin qu'il puisse être manié. Le manque de l'acide nitrique fait que certains vendent des bijoux au prix du 18 carats mais qui, en réalité, ne sont qu'à 14 carats, voire moins. Le cyanure, indispensable pour donner de la couleur à la surface du bijou, est également introuvable. Le caladium et autres produits manquent également. Les taxes, la TVA qui est fixée à 12% pour les bijoutiers alors qu'elle est de 6% seulement pour les autres commerçants. En somme, la disparition du métier d'orfèvre est l'aboutissement de ces problèmes. Le marché noir L'importation illégale de l'or de pays comme l'Italie, Dubaï, Libye et des pays du Sahel frontaliers est efficiente avait déclaré, le premier responsable de l'ENOR, lors d'une journée d'étude organisée conjointement avec l'UGCAA. Ce responsable avait affirmé que le taux contrôlé par le marché parallèle de l'or ne peut être comparé avec un autre pays où l'or est considéré comme une monnaie régie par les règles des autres monnaies. Le trafic des louis et des napoléons d'or s'est également développé chez ces artisans de l'informel. Sur un autre registre, les ateliers clandestins sont plus nombreux que ceux autorisés. En effet, dans la banlieue proche d'Oran, ces ateliers clandestins se sont pullulés de façon vertigineuse depuis le début des années 90. La plupart de ces artisans sont originaires des wilayas de l'Est et se sont constitués en des réseaux hermétiques. L'on apprendra de sources proches de ces réseaux que l'importation frauduleuse et le commerce illicite en Algérie sont décelables au niveau du marché des Louis d'or de différentes valeurs. En d'autres termes, le marché de l'or algérien est bel et bien déstructuré par l'informel. Pour autant, l'informel fait paradoxalement augmenté les prix, au lieu de les casser, sous d'autres cieux. «C'est parce que tous les circuits du marché sont la mainmise de la maffia de l'or qui décide à sa guise des prix», soulignera un bijoutier de la place d'Oran. M'dina J'dida, l'or à gogo Cela se passe sur les trottoirs de la rue des Bijoutiers (Trig Seyagha) de M'dina J'dida. Des jeunes excellant dans le business de l'or, au noir bien entendu, harcèlent les passants en leur demandant s'ils ont quelque objet à vendre ou à acheter. Ces jeunes utilisent les cages d'escalier pour accomplir leurs transactions, lorsqu'un client potentiel se présente. Pourtant cette pratique, informelle qui plus est, débouche sur des scènes très violentes. L'avènement de la saison estivale où les dépenses des ménages augmentent substantiellement, le marché de l'or séculaire oranais pullule de monde. Les ménagères sont encouragées de vendre leurs reliques d'or en casse par l'envolée du prix qui a atteint hier 1.850 dinars. Les bijoux en toc ont également investi le marché. «Ce sont des bijoux importées depuis l'Italie», déclare un vieux bijoutier qui note que «les ateliers de toc italiens excellent dans l'art de l'or plaqué. Ils utilisent une technologie de pointe et l'or plaqué italien est exposé et vendu comme or algérien de 18 carats. Que nenni!». Les bijoux superbement façonnées en provenance de Dubaï sont également traficotées. Ils sont d'un carat très inférieur à celui autorisé en Algérien, a-t-on appris. Ces ateliers utilisent également de faux poinçons. Le résultat: La garantie des Louis Napoléon ou tout autre bijou or, platine ou argent fait partie du domaine de l'hypothétique en Algérie, relève-t-on. Les réseaux de contrebande s'intensifient et le gain récolté est énorme. En effet, les traditions locales veulent que la femme algérienne ait son coffre de bijoux. Les traditions nuptiales et de la dot imposent aussi l'achat de bijoux. L'épargne en Algérie est conditionnée par l'achat de bijoux. Tous ces atouts qui devraient renforcer le marché de l'or national vont vers l'informel, déplore un responsable. Augmentation de la production aurifère La Gold Mining Algeria, mise sous l'égide de la Sonatrach qui exploite les gisements aurifères, a réalisé, le mois dernier, une production de 3.447 onces d'or et de 657 onces d'argent, battant de la sorte tous les records. Elle a battu le record qui avait été réalisé durant le mois de mars dernier où la production avait atteint 3.401 onces d'or et 654 onces d'argent. La production des gisements de Tirek et Amesmessa, situés au Sahara a presque doublé durant les cinq premiers mois de l'année en cours, par rapport à 2008, avec un niveau de 16.131 onces d'or (soit plus de 0,461 tonnes) contre seulement 8.646 onces produites entre janvier et mai de l'année dernière. B.M.