L'informel, ou bien, dans le jargon algérien trabendo, est sans aucun doute l'ennemi numéro 1 de l'économie algérienne. Ce dernier ne cesse de gagner du terrain, et ce, malgré les multiples mesures prises par le gouvernement afin de le contrer. A cet égard, les marchés de gros de vêtements, ou encore de produits alimentaires, notamment, celui de l'or sont tous soumis à la triste loi de l'informel. Ainsi, lors d'un point de presse animé au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), par le porte-parole de l'Union M. Hadj Tahar Boulenouar, il était question de mettre en avant les différentes difficultés auxquelles est affrontée la fabrication de l'or en Algérie. À ce propos, le porte-parole a affirmé que le marché des joailleries, et particulièrement celui des bijoux en or, est gangrené par la contrefaçon. Il faut dire que le marché informel occupe 50% des parts du marché, alors que 60% des quantités en circulation sont contrefaites. Cette triste réalité démontre à quel point le marché algérien est soumis à des règles non transparentes. Le président de la commission nationale des bijoutiers, affiliée à l'UGCAA, M. Ammar Behtat, a lui aussi déploré cette situation, en déclarant, " les circuits informels spécialisés dans ce domaine ont pris des proportions alarmantes ces dernières années, et les réseaux concernés par ce commerce étendent leurs tentacules à l'échelle nationale ". Par ailleurs, les intervenants ont tenu à exprimer leur regret quant à cette situation qualifiée d' " alarmante ", de par son impact tant sur la filière que sur l'économie nationale, tout en accusant les pouvoirs publics de laxisme face au développement de cette activité nuisible. M. Behtat a indiqué, en outre, " nos lois juridiques encouragent plutôt l'importation que la production. Ce qui par conséquent, donne une longueur d'avance aux commerçants investissant les circuits informels. Avant de poursuivre, " les autorités publiques doivent renforcer les dispositifs de contrôle et de lutte contre la contrefaçon de l'or, et, par là, aider les artisans locaux qui sont en mesure de développer la filière et de la rendre plus attractive et rentable ". En vue de montrer l'ampleur des dégâts, le conférencier a affirmé que " l'informel de l'or représente 50% du marché algérien". Sur un autre sillage, et en réponse à une question relative aux prix des bijoux en or en Algérie, ces derniers ont atteint, rappelons-le, 4 000 et 5 000 DA le gramme, contre 6 000 DA pour l'or importé. A ce sujet, M. Behtat prévoit une augmentation plus forte d'ici l'automne. Pour lui, le prix du gramme de l'or peut atteindre 10 000 DA d'ici le mois de septembre prochain. " Le cours de l'or sur le marché mondial est actuellement à 29 000 euros l'once après avoir culminé jusqu'à 43 000 euros " a-t-il dit. Avant d'ajouter " cette sensible baisse ne s'est vraisemblablement pas répercutée sur les prix de l'or au niveau du marché national ". Selon l'orateur, la stabilité du prix du métal précieux depuis quelque temps s'explique par le fait que le FMI a mis sur le marché 800 tonnes d'or, dont 400 ont été déjà vendues à certains pays arabes du Golfe. Et pour mieux maîtriser les prix à l'échelle du pays, l'Ugcaa préconise la réduction des taxes douanières et la TVA. S'agissant des réserves d'or de l'Algérie, l'orateur a affirmé que "notre pays dispose actuellement d'une quantité d'or estimée à 174 tonnes". En dépit de cette importante quantité les prix de ce métal précieux ne sont toujours pas stables. Concernant les importations algériennes de l'or, M. Behtat a fait savoir que les fournisseurs principaux du pays sont l'Italie en première position, suivie de l'Inde, du Singapour et de la Turquie. Sur un autre sillage, le conférencier a révélé qu'entre 25 000 et 30 000 commerçants exercent dans le circuit de l'or. A cet effet, le nombre de commerçants concernés par ce trafic frôle un millier. En ce qui concerne la répartition à l'échelle du pays, ce sont les grandes métropoles, à savoir Alger, Annaba et Oran qui comptent le plus grand nombre de joailliers.