Le ministre souffre, en plus d'une insuffisance rénale, d'un asthme et d'un problème cardiaque qui a nécessité la pose d'un pacemaker. Le ministre de l'Intérieur Norreddine Yazid Zerhouni a été évacué hier matin vers une clinique parisienne à bord d'un vol spécial. Des sources proches du ministre ont affirmé à L'Expression que cette évacuation est destinée à lui faire subir des examens complémentaires. Les mêmes sources indiquent que son état de santé n'est pas du tout préoccupant et est surtout la conséquence d'un surmenage induit par le rythme de travail qu'il s'est imposé ces derniers mois, dans le cadre de la dernière tournée présidentielle. L'équipe médicale qui suit le ministre affirme de son côté que ce dernier sera complètement rétabli dans une semaine au plus tard. En fait, Zerhouni s'offre, dit-on, une convalescence dans le but d'être au mieux de sa forme pour affronter la prochaine étape de la campagne pour la présidentielle. Ces informations recueillies auprès de l'entourage direct de Yazid Zerhouni contredisent les bruits qui circulent dans le microcosme politique algérois, donnant le ministre de l'Intérieur dans un état de santé critique qui aurait nécessité son évacuation d'urgence dans une clinique de la capitale française. Les mêmes milieux avancent que Zerhouni serait atteint d'une septicémie qu'il aurait attrapée à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja à l'occasion d'une séance d'hémodialyse. Le ministre souffre effectivement d'une insuffisance rénale. Cela dit, ses proches ont révélé à L'Expression que Zerhouni fait face, sur le plan de sa santé, à un asthme en plus d'un problème cardiaque qui a nécessité la pose d'un pacemaker, appareil destiné à suppléer à une défaillance cardiaque. D'ailleurs, à Annaba et à Biskra où il accompagnait le chef de l'Etat à l'occasion d'une visite de travail, Zerhouni semblait très fatigué et incapable de suivre les déplacements du chef de l'Etat. Il était resté dans son véhicule tout au long de ce séjour. Sachant cela, il est légitime de se poser des questions sur la santé du premier policier du pays. Une interrogation qui taraude les esprits des hommes politiques algériens pour qui Zerhouni est un personnage clé de la stratégie électorale du chef de l'Etat. En effet, la réussite, au plan organisationnel du moins, du récent marathon présidentiel est, dans une grande mesure, le fait du ministre de l'Intérieur qui a su gérer, jusqu'au moindre détail les déplacements de Bouteflika à l'intérieur du pays. C'est également le même Zerhouni qui allait au charbon face aux questions, souvent embarrassantes, des journalistes. Plus que cela, jamais un ministre de l'Intérieur algérien n'a eu à affronter autant de problèmes que Zerhouni en quatre ans à la tête de ce département sensible de la République. Les inondations de Bab El-Oued, les événements de Kabylie et les multiples émeutes qui ont émaillé le mandat de Bouteflika, ainsi que la gestion du séisme de Boumerdès, ont été autant d'épreuves pour un ministre qui a eu à faire face à un mécontentement populaire jamais égalé en 40 ans d'indépendance. Zerhouni, dans l'incapacité de poursuivre sa mission jusqu'au 8 avril prochain, c'est une pièce maîtresse qui manquera à la stratégie du chef de l'Etat, parti succéder à lui-même. Aussi, la maladie de Zerhouni aussi bénigne soit-elle, constitue un réel motif d'inquiétude pour Bouteflika. Ce dernier se voit privé de l'assistance d'un de ses plus importants collaborateurs. Lequel a été maintenu à son poste malgré les incessants appels des archs d'abord, et de l'ensemble du personnel politique de l'opposition ensuite, de le voir rendre le tablier. Mieux encore, les demandes de démission du principal concerné ont essuyé une fin de non-recevoir de la part du chef de l'Etat qui semble tenir plus que tout à son précieux collaborateur. De même que les mises en garde du général Lamari quant à la neutralité de l'administration, «individuellement ou collectivement», n'ont eu raison de la détermination de Bouteflika à garder auprès de lui son très précieux ministre de l'Intérieur. Cela dit, si la convalescence de Zerhouni dure dans le temps, il se posera un sérieux problème de succession au sens où il sera difficile au président de la République de lui trouver un remplaçant à sa hauteur. A ce propos, le nom de Dahou Ould Kablia, premier collaborateur de Zerhouni est avancé dans les milieux proches de la présidence de la République.