Les services de la présidence de la République se sont montrés, hier, plutôt rassurants quant à l'état de santé du premier magistrat du pays. Insistant sur le fait qu'il s'est déplacé « sur ses pieds » en France pour subir un contrôle médical plus approfondi, après qu'il ait « des troubles au niveau de l'appareil digestif », la Présidence n'a, toutefois, pas été précise sur la nature de la maladie de Abdelaziz Bouteflika. Tablant sur son retour au pays aujourd'hui lundi, le palais d'El Mouradia a réaffirmé que l'état de santé du président de la République « n'est pas source d'inquiétude ». Cependant, les rumeurs et les spéculations ont été abondantes tout au long de la journée. La gastrite ? Insuffisance rénale ? Malaise cardiaque ? On s'interrogeait à différents niveaux. Certains observateurs tentaient de décoder le communiqué laconique tombé la veille, à 21h26, sur le fil APS et lu dans un bulletin spécial de la Télévision algérienne. Et de le compléter selon les « bribes » d'informations qui leur parvenaient. Mais aucune information sûre et précise n'a filtré sur la réelle situation clinique du chef de l'Etat, hospitalisé à l'hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce, établissement dans lequel le président Chirac s'est fait soigner après son accident vasculaire cérébral, survenu le 2 septembre dernier. Les rédactions des journaux, basés à Alger, ont été « inondées » par des ouï-dire. Et c'était la confusion totale. A l'hôpital Aïn Naâdja, où le Président a subi le premier contrôle médical, c'était le black-out total. Contactés par nos soins, plusieurs médecins de cet établissement de santé de l'ANP déclaraient n'avoir eu l'information qu'à travers la presse. Néanmoins, certaines sources appuyaient l'hypothèse selon laquelle le chef de l'Etat subirait ces jours-ci une greffe rénale. Ces sources, qui se basaient sur le fait que M. Bouteflika avait auparavant des problèmes de reins qui lui ont valu une intervention chirurgicale, en 1985, aux Etats-Unis, avaient même parlé de la présence, depuis quelques jours à l'hôpital de Aïn Naâdja, d'un groupe de médecins français dans le but d'établir les bilans médicaux nécessaires avant que le Président ne soit transféré à l'hôpital Val-de-Grâce pour y subir l'opération. Mais, la présidence de la République était catégorique : le président Bouteflika avait eu des « troubles digestifs » dans la même journée où il s'est rendu à Paris, soit l'après-midi de samedi, et que la matinée il était en activité. Mais de quelles activités s'agissait-il ? Le chef de l'Etat était absent à « la table ronde du Conseil africain économique et social », qui s'est déroulée samedi matin à Alger et son discours d'ouverture a été lu par son ministre de la Justice, Tayeb Belaïz. Ce dernier a indiqué, lors de cette rencontre, que l'absence du président Bouteflika était due à « un engagement urgent pour une affaire d'intérêt public ». D'autres sources, tout en appuyant le bon état de santé du Président, considéraient le « déplacement » de M. Bouteflika à Paris comme « une visite » en catimini au ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, donné malade lui aussi. Mais rien d'officiel. Certes, M. Zerhouni, souffrant depuis des années d'une insuffisance rénale, était hospitalisé depuis quelques semaines dans le même établissement que celui dans lequel s'est rendu le président Bouteflika. Une source nous a affirmé, tout de même, que le premier magistrat du pays s'est rendu samedi soir, vers 19h, dans la capitale française, dans un avion non médicalisé.