L'initiative de la Russie a changé la donne syrienne La proposition Russe a reçu un accueil favorable mais prudent dans le monde, le président américain Barack Obama y voyant une possible «percée». La proposition russe visant à placer l'arsenal chimique de la Syrie sous contrôle international pour écarter la menace de frappes se concrétisait hier et la France a annoncé la présentation d'une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU. Seule l'opposition syrienne a dénoncé hier l'initiative de Moscou, y voyant une «manoeuvre politique», du régime de Damas et de son allié russe, selon un communiqué. La proposition, présentée à l'issue d'une rencontre à Moscou entre M.Lavrov et son homologue syrien, prévoit de placer sous contrôle international le stock d'armes syrien, et ensuite de le détruire. La Russie espère que cette proposition permettra d'éviter d'éventuelles frappes américaines contre le régime de Damas, auxquelles la France est prête à participer, en réaction à une attaque chimique près de Damas, qui a fait 1.429 morts selon le renseignement américain. «La partie russe travaille actuellement à l'élaboration d'un plan réalisable, précis, concret pour lequel des contacts sont en cours en cet instant avec la partie syrienne», a déclaré M.Lavrov hier. «Nous comptons présenter ce plan dans les plus brefs délais, et nous serons prêts à travailler à ce propos avec le secrétaire général de l'ONU, les membres du Conseil de sécurité de l'ONU, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques». De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré accueillir la proposition russe «à la fois avec intérêt et avec prudence», estimant que Moscou «s'offrait peut-être une porte de sortie» dans la crise syrienne. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a estimé que la pression internationale, notamment des Etats-Unis et de la France, sur le régime syrien, avait «marché». M.Fabius a annoncé ensuite que la France proposerait (hier) au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution prévoyant le «contrôle et le démantèlement» des armes chimiques syriennes. Ce projet autorise le recours à la force en cas de manquement aux obligations, une option à laquelle la Russie, qui a un droit de veto, s'oppose en général avec véhémence, étant contre toute ingérence. L'Union européenne a accueilli «avec intérêt» la proposition russe, mais souhaite s'assurer qu'elle soit «sérieuse» et puisse être suivie d'effet. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a aussi annoncé le soutien de l'organisation à cette initiative. La Chine, farouchement opposée à toute intervention militaire extérieure en Syrie, a appuyé l'initiative de Moscou, de même que l'Iran. M.Lavrov a exprimé hier sa satisfaction à la suite des «réactions largement positives dans le monde» à cette proposition. «La proposition de placer l'arsenal syrien sous contrôle international n'est pas une initiative entièrement russe», a-t-il dit. «Elle a émergé des contacts que nous avons eus avec nos collègues américains, des déclarations hier de John Kerry, qui a offert la possibilité d'éviter des frappes si ce problème peut être réglé». Le secrétaire d'Etat John Kerry avait évoqué la «restitution» par Damas de son stock d'armes chimiques à la communauté internationale comme une condition possible du renoncement à des frappes. Soutien de l'Algérie L'Algérie salue l'initiative de la Russie qui est de nature à contribuer à l'émergence d' «une nouvelle dynamique» pour résoudre la crise en Syrie, a indiqué hier le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani. «L'Algérie soutient toutes les initiatives dont la vocation est d'éloigner le spectre et les perspectives de la guerre. A ce titre, nous saluons l'initiative russe qui est de nature à contribuer à l'émergence d'une nouvelle dynamique visant à résoudre la crise en Syrie», a précisé M. Belani dans sa réponse à une question de l'APS sur la réaction de l'Algérie à l'initiative de la Russie consistant à «placer l'arsenal chimique de la Syrie sous contrôle international». «Comme chacun s'accorde à le reconnaître désormais, l'option militaire n'est pas la solution», a-t-il affirmé, ajoutant que «la solution durable ne peut être que politique et elle passe par la relance de la conférence de Genève, sous les auspices de l'ONU, pour la recherche d'une transition négociée entre les parties prenantes de la crise syrienne avec le soutien de la communauté Internationale».