La proposition faite par la Russie de placer l'arsenal chimique syrien sous contrôle international a été accueillie positivement, notamment par les Etats-Unis, où le vote de procédure prévu mercredi au Sénat sur le recours à la force en Syrie vient d'être reporté, alors que l'opposition syrienne réclame une "riposte internationale" contre Damas. L'offre faite par le ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov, acceptée par le gouvernement syrien en vue d'empêcher une frappe contre la Syrie, a été qualifiée d'"importante" par le président Barack Obama, évoquant un ''développement potentiellement positif''. ''Les déclarations que nous avons vu des Russes aujourd'hui et celles des Syriens représentent un développement potentiellement positif", a déclaré Barack Obama lors de plusieurs interviews accordées à plusieurs chaînes de télévision américaines. Le président américain a toutefois signalé que son secrétaire d'Etat, John Kerry, allait s'entretenir avec son homologue russe, Serguei Lavrov, afin de s'assurer ''du sérieux de ces propositions'' sur le terrain, ajoutant qu'il avait toujours préféré ''une solution diplomatique à ce problème". Barack Obama peine à convaincre Pour le locataire de la Maison blanche, c'est la menace d'une frappe militaire des Etats-Unis, appuyée potentiellement par un certain nombre d'autres pays à travers le monde, qui a amené le gouvernement syrien à accepter l'offre de la Russie. Barack Obama qui a lancé une bataille politique pour convaincre l'opinion américaine du bien-fondé d'une frappe contre la Syrie, n'arrive pas à imposer ses arguments face à l'incertitude d'un vote des élus américains en faveur du recours à la force. Il a reconnu qu'il n'était pas sûr de gagner le vote du Congrès pour sa requête qu'il avait annoncée il y a une dizaine de jours, tandis que les sondages montrent toujours une hostilité de l'opinion publique à des frappes militaires américaines. Et le vote de procédure prévu mercredi au Sénat sur le recours à la force en Syrie a été reporté à une date indéterminée. Moscou qui s'oppose à toute intervention militaire en Syrie, a indiqué qu'elle travaillait avec le gouvernement syrien à l'élaboration d'un "plan concret" visant à placer l'arsenal chimique de la Syrie sous contrôle international. "Nous comptons présenter ce plan dans les plus brefs délais, et nous serons prêts à travailler dessus avec le secrétaire général de l'ONU, les membres du Conseil de sécurité de l'ONU, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques", a déclaré Sergeï Lavrov. L'initiative russe bien accueillie La proposition russe a reçu le soutien de plusieurs pays. L'Algérie a salué une initiative qui est de nature à contribuer à l'émergence d'"une nouvelle dynamique" pour résoudre la crise en Syrie et "éloigner le spectre et les perspectives de la guerre" La Chine a estimé que "tant que cette proposition est porteuse d'un allègement de la tension en Syrie et qu'elle va dans le sens d'une résolution politique de la crise syrienne, en maintenant la paix et la stabilité en Syrie et dans la région, la communauté internationale doit y accorder du crédit". L'Allemagne de son côté a jugé l'offre russe "intéressante", et le Royaume Uni de "bienvenue", alors que la France a posé "trois conditions" pour qu'elle soit recevable. Pour le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, le président syrien Bachar Al-Assad "doit s'engager sans délai à mettre sous contrôle international et à laisser détruire l'ensemble de son arsenal chimique", et "cette opération doit se faire sur la base d'une résolution contraignante du Conseil de sécurité, avec un calendrier court et des conséquences fermes s'il ne respectait pas ses engagements". Accueillant "favorablement cette idée'', le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait indiqué lundi qu'il comptait exhorter le Conseil de sécurité à exiger le transfert des armes chimiques et des précurseurs dont dispose la Syrie dans des lieux où ils seraient placés sous contrôle international et être détruits. Le chef de l'ONU avait également souligné qu'il demandait instamment à la Syrie de devenir partie à la Convention sur les armes chimiques. Le 21 août dernier, des centaines de personnes avaient été tuées dans une attaque présumée à l'arme chimique à Ghouta près de la capitale Damas. L'opposition syrienne et des pays occidentaux ont accusé le régime syrien de Bachar Al-Assad d'être responsable de cette attaque. Les autorités syriennes rejettent ces accusations et imputent cette attaque aux rebelles, affirmant que ces derniers ont commis cet acte pour justifier une intervention étrangère. L'ONG de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW) a indiqué mardi dans un rapport de 22 pages publié aux Etats-Unis, que des preuves crédibles "suggèrent fortement" que ce sont les forces armées du régime syrien qui ont lancé cette attaque. "Des débris de roquettes et les symptômes des victimes de l'attaque du 21 août à Ghouta constituent des éléments de preuves crédibles concernant les armes utilisées," a estimé le directeur des situations d'urgence de HRW, Peter Bouckaert. La Coalition de l'opposition syrienne qui a qualifié l'initiative russe de "manœuvre politique" a réclamé "une riposte internationale appropriée" contre le régime syrien.