S.R. aime tellement Soufiane le Chelfi, qu'elle prend le bus seule pour Chlef et le second avec son amoureux pour... Sidi Bel Abbès. Aventures de mineure!!! Soufiane avait une très mauvaise mine en cette rude période de jeûne. Il jeûnait. Il était détenu. Il en était à la deuxième audience car durant la première, un renvoi avait été décidé, le temps pour l'inculpé de signer - en taule - l'acte de mariage avec S.R. 17, ans victime d'enlèvement et attentat à la pudeur. Et ici, nous nous permettons d'ouvrir une parenthèse pour crier fort, très fort devant le vide créé autour des magistrats du siège qui sont tellement tarabustés par des... «instructions» émanant du ministère de la Justice qu'ils s'oublient et évitent d'aller au-devant de la jurisprudence. L'inculpé Soufiane, un beau rouquin effarouché par huit nuits de détention prévention en plein Ramadhan 1434 était venu dire sa forte et inébranlable détermination à convoler en justes noces avec SR. qui avait; elle, aussi, dit, à la barre, son amour fou pour le charmant Soufiane qu'elle affirme avoir connu durant un semestre complet. Pour revenir à la jurisprudence, il est utile et nécessaire de rappeler, rapidement, les faits et vous convien- drez avec votre serviteur qu'ici la loi est tordue. Allons-y, racontons en toute intégrité les faits: S.R. réside à Baba Ali (Alger). Elle fait la connaissance d'un Chelfi qui exerce dans une société étrangère. Il descendra plusieurs fois à Baba Ali en traversant Aïn Defla, Khemis Miliana, Chiffa, Blida, Birtouta, rencontrer R.S. et dans la foulée roucouler à l'orée d'une habitation ombragée, non achevée. Baba Ali est une future grande cité de l'envergure de Aïn Naâdja de 1982 ou encore de Bab Ezzouar en 1988. Les relations sont au beau fixe, on parle certes, amour, promesse de fiançailles, voire de mariage. Or, ce que ne diront jamais les deux jeunes amoureux, c'est pourquoi Soufiane n'a jamais osé demander la main de S.R., pas si belle, mais mignonne à son âge et de petite taille qui lui donne un âge de 15 ans, pas 17! Le procès aurait pu se tenir dans n'importe quelle localité traversée par S.R. la passionnée folle de Soufiane le doux. Le couple «impossible» passait d'agréables moments entre Blida et Baba Ali sans que nous ne saurions vous dire si les deux amoureux fous ont visité la Capitale, Hydra, son Val, Bordj El Kiffan ou Aïn Bénian, El Djamila. Et puis, un beau jour, sans que là aussi, des éclaircissements aient été apportés à l'audience, S.R. prend le bus pour...Chlef. Une fois sur place, fou de joie, comblé par cette visite (les parents de S.R. parleront de fugue), Soufiane qui adore sa dulcinée veut la protéger et hop! direction...Sidi Bel Abbès avant de s'arrêter dans un village avant Oran où Soufiane a de la famille. Ils y resteront trois jours délicieux sans aucun doute... Entre-temps, à Baba Ali, c'est l'alerte. S.R. a disparu ce n'est pas bon en ces temps de crimes à l'air libre, de kidnappings et autres tueries dans les campagnes, les cités, villes et villages... S.R. goûte au bonheur de Soufiane qui a été «homme,» un «homme d'honneur» car il n'a pas attenté à l'honneur de l'adolescente. Un bon point à retenir par le tribunal qui a bien examiné les certificats médicaux attestant que S.R. était intacte! Bonne nouvelle pour sa famille! L'honneur est sauf, sauf que la rumeur elle...La jeune présidente de la section correctionnelle n'avait pas eu beaucoup de difficultés à mener des débats sereins où ne manquait que l'acte de mariage conclu entre S.R. chez ses parents et Soufiane, en taule. Eh bien non! elle n'aura pas le document libérateur du seul fait qu'aucun huissier de justice n'avait voulu se rendre en prison sceller l'union afin que les parents puissent retirer la plainte et voir l'extinction des poursuites pénales...Et l'extinction est la meilleure nouvelle... «Je l'aime et j'ai tout prévu pour l'épouser. Elle n'appartiendra à aucun autre que moi!» avait presque sangloté Soufiane à qui la juge avait reproché de ne pas s'être rapproché de la famille de l'ado: - «Vous croyez que c'est facile, madame la présidente?» dit, entre les dents, le détenu beaucoup plus préoccupé par son statut d'inculpé d'enlèvement de mineur et d'attentat à la pudeur que tentera d'abattre un peu plus tard Maître Abdelhamid Belhoucine, son avocat, qui prendra beaucoup de temps pour expliquer ce qui s'était réellement passé: il dit, entre autres, que la jeune fille avait certifié au tribunal qu'elle aimait follement le Chelfi qui le lui rendait bien. Il a aussi rappelé la réponse de S.R. à la juge à propos du rendez-vous de Chlef. «J'ai pris la résolution de jouer avec le feu de parcourir en bus près de 400 km en vue de retrouver celui qui m'a promis le mariage, dès mes dix-huit ans!». L'avocat de Hussein Dey insistera énormément sur l'absence de délit même si la loi prévoit qu'une mineure garde son statut protecteur. Il demandera l'indulgence de la magistrate du siège même en pensant à une année d'emprisonnement ferme réclamé par la jeune procureure dans un bon jour malgré le jeûne et ses effets dévastateurs. Solidement encadré par de jeunes gaillards de la Dgsn, l'accusé avait compris, juste après les réquisitions du ministère public, que les carottes étaient cuites. Il a même eu très peur lorsque la juge annoncera la mise en examen sous peu du dossier au «sang blanc» qui a mis en exergue le laxisme des parents qui se précipitent pour déposer plainte alors qu'ils n'ont pas donné l'éducation nécessaire, juste de quoi empêcher une fugue d'une ado dont le comportement a failli coûter une condamnation de son soupirant à une peine d'emprisonnement ferme de un an! Après une courte mise en examen, la magistrate du siège infligera une peine de un an, assortie du sursis. Le gus a retrouvé la liberté et probablement le cadi, le maire de Chlef pour une union longue et heureuse où beaucoup d'enfants verront le jour pour faire oublier la «nuit du couple» de juin 2013.