Les parents de O.R., mineure détournée par un gus, n'ont pas éduqué leur fille. Et puis, le pire... Le huis-clos est, pour les journalistes, un empêcheur de tourner en rond. Se cachant souvent derrière le fallacieux prétexte du «trouble à l'ordre public», certains magistrats du siège font évacuer la salle d'audience pour juger un «attentat à la pudeur» qui commence et s'achève avec des attouchements superficiels des parties de la mineure. La mineure: le mot est si effrayant que n'importe quel juge décide, avant même le début de l'audience, de la tenue du procès à huis clos. Ce dimanche, au tribunal, la mineure vue dans la salle des «pas perdus» n'en était pas une vue de très près. Une femme, disons maman de deux ou trois bambins: une taille de Affaf Chouaïb à ses débuts, le regard vitreux de Ghadaâ Abderazaq dans le feulleton «Samara», la mine d'une épouse qui vient de terminer une scène de ménage avec sa moitié, O.R. n'a que seize ans. L'homme qui l'a séduite toute une nuit dans une bâtisse non habitée est en taule. Il ne l'a pas «déshonorée» mais les parents ont réagi comme si leur fille leur était revenue au petit matin... enceinte. Les parents: Ah! les parents, au condamnable comportement! O.R. avait quitté le CEM vers seize heures et quelque. Son cavalier servant l'attendait dans la voiture où elle montera le sourire en coin avec le secret qu'elle allait planer toute la nuit et tant pis si papa et maman allaient perdre le sommeil. Elle avait même préparé l'alibi: «J'ai passé la nuit avec ma copine qui m'avait invitée au dîner!» dira-t-elle plus tard à sa famille sans expliquer le pourquoi de l'extinction du portable. C'est la question que n'avaient pas posée les parents. Ces parents qui ont traversé le mur du son en mettant carrément à la porte O.R. désormais pestiférée, honnie, rejetée et autre mise au ban de la famille et même du quartier. Le quartier! sans oublier le collège. Le collège où son absence avait été remarquée car elle était revenue avec une tante alors que la direction avait exigé la présence des seuls parents: «Le papa ou la maman!» avait clamé le chef d'établissement qui appliquait le règlement intérieur. Or, le papa et la maman, qui venaient de maudire, de chasser, de renier O.R., ont durci leurs coeurs en ignorant la énième convocation de l'administration. Seul le dynamique avocat, Maître Soufiane Chalal était là aux côtés de sa jeune cliente. Il réfléchissait à la réplique du détourneur de mineure qui avait martelé qu'elle était montée de son propre gré et qu'il ne l'avait jamais menacée ni déshonorée. «ON s'est seulement amusés comme des gamins!» un homme qui détourne une mineure qui va dans le camp des...gamins, devient un pervers à lier du côté de Drid-Hocine d'Alger ou Zabana de Blida. D'ailleurs, même son avocat paraît sceptique et a même peur d'une requalification des faits de délit en crime. Le législateur a tout prévu pour le statut de mineure et tout magistrat du siège sait que détourner une «gamine» de seize ans n'a aucune circonstance atténuante et même si cette jeune fille était montée de son propre gré, s'était offerte telle une orange mûre à dévorer sans l'éplucher! Voilà où des parents qui négligent le côté éducatif arrivent en fin de compte. A l'audience qui s'était déroulée à huis clos, on imagine la remontrance du juge aux parents qui auraient manifesté leur volonté de se débarrasser de cette «garce». Nous nous rappelons une audience à laquelle nous avions été convié par une magistrate du siège, courageuse, qui a exercé librement son autorité en nous autorisant à couvrir un procès similaire: cette juge s'était emportée contre un papa qui ne voulait plus de sa fillette de quatorze ans qui a fugué avec deux gaillards qui l'ont traînée dans la boue du viol avec sévices trois nuits durant. «Monsieur, le tribunal est outré devant votre comportement que même votre statut de partie civile ne vous permet pas. Alors, êtes-vous prêt à reprendre votre fille?» dit calmement la présidente qui allait voir rouge devant le «Non» catégorique du tuteur qui avait passé une demi-douzaine de minutes face à la tornade de madame la juge, elle-même maman de quatre enfants et de très beaux enfants SVP, leur papa tout fini. «Voilà où nous en sommes arrivés dans notre pays. Vous passez à côté de l'éducation de votre fille. Vous fermez les yeux sur les nombreuses nuits passées chez les copines et copains qui s'étaient avérés des coquines et des coquins et aujourd'hui vous demandez à la justice de vous aider à vous débarrasser de votre fille? Non, non et non. Vous allez reprendre votre enfant par la main, discuter avec elle durant tout le parcours jusqu'à la maison et la raisonner sans user de violence!» avait martelé la magistrate qui était heureuse de voir le papa baisser la tête en lâchant: «Oui, madame la présidente. Je m'excuse de vous avoir ennuyée avec mes propres problèmes!» Revenons au procès du jour pour dire tout simplement que la justice doit s'occuper d'autre chose que de rappeler à l'ordre des irresponsables, de pseudo-parents prêts à bondir sur n'importe quel prétexte pour se débarrasser de leurs rejetons car, comme Kirat le dirait sur un ton plus que matériel, «il y a des mineures qui ne font pas leur âge, à voir leur gabarit, les mines épanouies et même le tour de taille de certaines parties de leurs corps franchement plus près de femmes...remariées que d'ados possédant le statut de victimes». Et Samira Kirat n'est pas n'importe quelle juge!