Le puissant syndicat tunisien UGTT a indiqué hier que le ministère de l'Intérieur l'avait informé de «menaces graves» contre ses dirigeants dans le but de faire échouer sa médiation pour résoudre la profonde crise politique déclenchée par l'assassinat d'un opposant. «La direction du syndicat a été informée de l'existence de menaces graves ciblant les dirigeants du syndicats (...) les informations proviennent des services compétents du ministère de l'Intérieur», indique l'UGTT sur sa page Facebook. Selon ce communiqué, elles visent à faire échouer «le dialogue national» devant réunir à une date indéterminée les principaux acteurs politiques tunisiens pour trouver un compromis susceptible de résoudre la crise déclenchée par l'assassinat, attribué à la mouvance salafiste, du député Mohamed Brahmi le 25 juillet. L'UGTT n'a apporté aucune précision sur l'origine et la nature de ces menaces. Le syndicat a par le passé accusé la Ligue de protection de la révolution, groupe considéré par l'opposition comme une milice brutale du parti islamiste au pouvoir Ennahda, d'avoir attaqué un de ses cortèges en décembre 2012, faisant plusieurs blessés. La centrale syndicale tente depuis début août de négocier un compromis entre l'opposition et les partisans du gouvernement dirigé par Ennahda pour sortir le pays d'une impasse politique et institutionnelle. Depuis l'assassinat de Brahmi, l'opposition réclame la démission sans condition du cabinet gouvernemental. Ennahda considère pour sa part que le gouvernement ne peut quitter ses fonctions que si un compromis est trouvé sur l'ensemble des sujets de discorde entre les deux camps, en particulier l'adoption de la Constitution.