Le club champion d'Algérie n'a cessé de crier au complot pour son match contre l'ESS. Dans l'affaire du match ESS-USMA qui devait avoir lieu le 5 mars dernier et qui aurait été reporté pour des raisons de sécurité, nous écrivions dans une de nos précédentes éditions que la FAF et la LNF auraient obéi à un arrêté préfectoral de Sétif, interdisant toute manifestation sportive dans cette ville ce jour-là. Pour la logique et la transparence, nous avions ajouté qu'il serait souhaitable qu'on nous fasse voir ce fameux arrêté préfectoral pour qu'on le reproduise dans notre quotidien. Les choses seraient entrées dans l'ordre et tous les gens auraient fini par accepter ce report. Seulement, on a eu entre les mains un autre document qui plaide pour les contestations de l'USM Alger, qui est allée par la voix de son président, Saïd Allik, jusqu'à parler d'un complot ourdi contre elle. Nous pensons qu'il y a de l'exagération dans les propos de Allik, d'autant, et nous l'avions également signalé, que s'il y a un club, qui lui aussi a bénéficié dans le temps de largesses de la FAF, de la LNF et même des autorités, c'est bien l'USMA. Nous ne faisons que défendre une éthique sportive qui ne cesse d'être bafouée de saison en saison et pour laquelle personne n'ose lever le petit doigt. C'est pourquoi nous trouvons déplacé qu'un wali puisse saisir le ministre de la Jeunesse et des Sports pour obtenir de lui le report d'un match, en l'occurrence le ESS-USMA du 5 mars, pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la sécurité ou le sport. En effet, en date du 3 mars, c'est-à-dire deux jours avant le match, le wali de Sétif a dans sa missive adressée au ministre, fait état de son souhait de voir le match reporté parce que «les supporters de l'Entente de Sétif sont dans un état psychologique perturbé, suite aux résultats de leur équipe, afin d'éviter tout risque de troubles». (voir fac-similé de la lettre). On remarque, donc, que dans cette lettre, il n'est nullement fait état d'une interdiction de manifestations sportives ou autres. On y souligne, seulement, le moral atteint de supporters d'un club. On peut imaginer que le wali de Sétif donne ici beaucoup d'idées à ses collègues, car demain n'importe quel club souhaitant ne pas jouer un match, n'aura qu'à aller voir le wali du coin et lui demander d'intervenir auprès du ministre de la Jeunesse et des Sports. Les affaires du football relèvent exclusivement de l'autorité de la FAF et de la LNF. Le wali de Sétif, s'il craignait qu'une nouvelle défaite de l'ESS puisse aggraver l'état psychologique défaillant des supporters de Sétif et déboucher sur des troubles, aurait pu signer un arrêté préfectoral comme la loi l'y autorise. On dit qu'un tel arrêté existe, on attend de le voir. Mais à ce moment-là, il faudra qu'on nous explique pourquoi le DJS de Sétif a adressé à l'ESS une note lui annonçant que le match était reporté sur décision de la LNF (laquelle LNF avait dit ne rien savoir de cette histoire). Nous ne cherchons pas à blâmer le wali de Sétif. En tant que premier responsable de la wilaya, il est de son droit et de son devoir d'éviter tout risque de dérapage comme le stipule le code de la wilaya. Mais là, il s'est impliqué dans une affaire de football et s'est mis sur le dos un club qui n'est pas n'importe qui, il s'agit du champion d'Algérie en titre, vainqueur de la Coupe d'Algérie et demi-finaliste de la Ligue des champions. Incontestablement, la wilaya de Sétif a mal géré ce dossier, alors qu'il aurait suffi d'un texte officiel pour que tout rentre dans l'ordre. Il reste à espérer qu'on s'arrêtera là pour ce qui est des histoires de ce genre, car le football algérien est déjà assez malmené comme cela. C'est bien le moins qu'on lui doit.