Contrairement à ce qu'on craignait, le président-candidat a bien négocié son passage dans la capitale des Hammadites. Poursuivant son périple de campagne électorale, le candidat Abdelaziz Bouteflika était hier à Béjaïa, où il a animé un grand meeting populaire à la salle Bleue, qui s'est avéré exiguë pour contenir les nombreux invités qui l'attendaient depuis le petit matin pour l'occasion. Dans une salle chauffée à blanc, Bouteflika a soigneusement évité d'aborder les sujets qui fâchent. A aucun moment, en effet, il n'a fait allusion à la langue amazighe, dont l'officialisation a, pour rappel, constitué la pierre d'achoppement lors du dialogue. Il se contentera de signifier son rejet à toute expression politique par la voie de la violence lui préférant le dialogue. Dans son discours de vingt minutes, le président-candidat n'a pas tari d'éloges sur la région et ses habitants. Sous les ovations des présents, qui scandaient «one, two, three viva l'Algérie», le candidat entame son allocution en rendant d'emblée hommage à Béjaïa. «Je suis dans une terre sacrée où vit un peuple dont je fais partie», dit-il avant d'affirmer son refus de «voir cette population être l'otage d'un groupe d'agitateurs», allusion directe aux archs qui même s'ils n'ont pas réussi à contrer cette visite, ont néanmoins, marqué «le point» en huant le cortège du candidat à sa sortie de la salle. C'est d'ailleurs, l'une des raisons estiment les nombreux observateurs de la courte durée du discours. La foule qui grandissait au fur et à mesure que le discours se tenait, a fait craindre le pire, contraignant alors, les organisateurs à réduire le temps imparti à l'intervention du candidat qui, habituellement, tenait des discours-fleuve. Signalons par ailleurs, que plusieurs arrestations ont été opérées dans les rangs des contestataires qui ont été relâchés juste après la fin du meeting. S'adressant aux Bédjaouis, Bouteflika dira que «descendants que vous êtes de Yemma Gouraya et de Abane, rassembleur du peuple algérien, vous saurez choisir l'homme qui sera à vos côtés». Pour l'hôte de Béjaïa «la démocratie n'est le monopole de personne», lance-t-il sur un ton menaçant «nous éradiquerons le terrorisme», s'écrit-il avant de s'opposer à toute expression par la voie de la violence, en référence à la crise qui secoue la région, le candidat Bouteflika proposera le dialogue «parlons! discutons !», dit-il avant de rejeter «la casse, l'insulte et l'invective» qui tonne-t-il «ne relève d'aucune civilisation». Avec des mots pénétrants, Abdelaziz Bouteflika fera cette réflexion lourde de sens «un Kabyle qui n'est pas fier d'être Algérien, n'est pas un Kabyle», sur ce, il demandera aux citoyens de «lever la tête pour mieux voir». Tout en faisant le bilan de son mandat, l'orateur regrettera profondément le retard de développement enregistré par la Kabylie par rapport aux autres régions du pays. Citant le passage du PIB de 1300 dollars en 1999 à plus de 2000 dollars en 2003, le candidat Bouteflika, a, tout en faisant allusion à la bonne santé financière du pays, déclaré que «nous pouvons faire mieux». La concorde civile n'était pas en reste dans le discours du candidat. Celle-ci a permis, explique-t-il «de rétablir la sécurité, la quiétude et de faire redorer le blason de l'Algérie». Tout en insistant sur la nécessité d'aller voter le jour «J», le candidat Bouteflika comparera «la présidentielle du 8 avril à celle de l'Indépendance», tant elle est «porteuse d'espoir». «Si vous optez pour la continuité, je vous promets de faire de l'Algérie un bijou», tonne-t-il, en saluant l'ANP qu'il gratifie au passage du rôle de «sauveur de la République» avant d'estimer que «l'Algérie a besoin d'un président fort de son peuple». A ce titre et en tant qu'homme de paix, il tendra à la fin, la main à tous les partis.