Le mouvement opéré dans le corps des walis par le président de la République, jeudi dernier, qui est plus important que celui de mars dernier cache mal le changement à la tête du ministère de l'Intérieur. Un peu plus d'un mois après le remaniement ministériel qui a vu Ould Kablia céder sa place de ministre de l'Intérieur à Tayeb Belaïz, c'est au tour du secrétaire général, Ouali Abdelkader de faire valoir ses droits à la retraite et être remplacé par le désormais ex-wali de Ghardaïa, Ahmed Adli. S'agissant du mouvement des walis proprement dit et alors que celui de mars concernait neuf wilayas du pays, ce sont 15 wilayas qui ont changé de wali dans ce dernier mouvement. Au total, les deux mouvements auront touché la moitié des wilayas du pays. Il est utile de relever également que 14 walis ont été mutés alors que les 10 autres sont des walis délégués promus. D'autre part et si 24 walis ont été maintenus à leur poste, la wilaya d'El-Oued aura changé, en moins d'une année, deux fois de wali. En effet, Sendid Mohamed Mounib qui avait été nommé wali d'El Oued en mars dernier, a été muté, jeudi à la wilaya de Annaba. C'est le wali délégué de Bir Mourad Raïs, El Affani Salah, qui l'a remplacé à El Oued. Ce large mouvement et contrairement à ce que certains pourraient croire n'a aucune relation avec les visites d'inspection effectuées par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans plusieurs wilayas. Aucune des wilayas inspectées par lui n'est concernée par ce mouvement. A l'exception de celle de Ghardaïa qui a vu son wali promu secrétaire général du ministère de l'Intérieur. Mais au-delà de l'aspect purement organique de cette opération, il est clair que l'idée centrale qui s'en dégage est le rajeunissement du corps des walis. A titre d'exemple, le nouveau wali d'Oran est un jeune quadragénaire réputé très brillant. On peut ajouter que pour la première fois, ces deux mouvements ne répondent à aucun équilibre régional (le nouveau wali d'Oran qui était à Béchar est natif de Souk Ahras), ni à aucune considération partisane. C'est visiblement une nette rupture avec les anciennes pratiques qui faisaient de ces postes autant de gratifications pour satisfaire des caprices loin de l'intérêt général. Il apparaît évident que nous assistons à un nouveau mode de nomination qui n'a pour critère que la seule compétence couplée avec une volonté politique de rajeunissement du corps. Le tout avec un savant dosage effectué par étapes. Autrement dit, à doses homéopathiques. C'est tellement homéopathique que ce qui a pu se réaliser pour la représentation nationale, c'est-à-dire l'entrée en masse des femmes à l'Assemblée nationale, ne peut pas, pour l'heure, se répéter dans le corps des walis. Par la nature même de la fonction de wali qui est différente de celle de parlementaire à laquelle s'ajoutent des raisons socioculturelles évidentes. La fonction de wali, surtout à l'intérieur du pays, exige de ne pas heurter certaines sensibilités liées à nos us et coutumes. Ce qui donne un aspect héroïque à la seule femme wali depuis 14 ans dans notre pays, Mme Nouria Yamina Zerhouni, actuellement en poste à Aïn Témouchent. Ceci dit, ces mouvements trouvent également leur pleine signification dans le processus de réforme des structures de l'Etat en cours. C'est dans le même esprit qu'un ministre de la Réforme du service public a été nommé lors du dernier remaniement. C'est toujours dans le même esprit que le ministère du Travail organisera, lundi prochain, un séminaire sur la gestion des ressources humaines et des compétences au cours duquel est prévu le thème de «la préparation de la relève dans l'administration publique». Une relève qui a déjà commencé!